Critique : Le Siffleur
Second rôle de choix - il fait très bien les bellâtres et les sales cons -, Philippe Lefebvre est aussi un auteur assez demandé, collaborateur régulier de Guillaume Canet. À l'occasion de son premier passage derrière la caméra, on aurait pu s'attendre à ce qu'un scénariste aussi à l'aise choisisse de s'attaquer à un sujet personnel. Surprise : il débarque au contraire avec une adaptation d'un roman du sympathique Laurent Chalumeau, Maurice le siffleur. Un récit choral et estival autour d'une bande de branques plus attirés par la frime et la flambe que par le pouvoir en lui-même. Le siffleur est tout à fait à l'image des trajectoires de ces personnages : circulaire, vide, vain, mais néanmoins pas détestable. Des débuts qu'on pourra qualifier d'honorables à défaut d'être renversants.
Lefebvre
aime ses acteurs, qu'il dirige avec gourmandise : leurs numéros sont
bien huilés, et les dialogues souvent ronds en bouche sont assez bien
mis en valeur. Le problème est que le film ressemble plus à une
juxtaposition de one man shows
qu'à une véritable comédie. Extrêmement segmenté, le film souffre d'un
rythme excessivement saccadé, Lefebvre semblant si pressé de retrouver
le personnage suivant qu'il a souvent tendance à précipiter la
conclusion de la scène en cours. D'où l'impression d'une belle
mécanique tournant complètement à vide, sentiment renforcé par cette
succession de plans joliment composés mais ne faisant absolument pas
une mise en scène.
Le spectateur se retrouve ainsi réduit à se
délecter autant que possible des prestations d'acteurs d'autant plus
ravis d'être là qu'un tel tournage leur permet de passer des vacances
bien rémunérées. Le duo Fred Testot - Sami Bouajila fonctionne à plein
tube, Thierry Lhermitte n'est même pas insupportable... Mais la
véritable révélation du film se nomme Virginie Efira, qui fait bien
mieux que lors de ses décevants débuts d'actrice télé. Elle ne se
contente pas de jouer les - sculpturales - bimbos, mais apporte une
véritable personnalité à cette blondasse qui n'est pas loin d'être le
personnage le plus drôle d'un film frais mais insipide, comme ces
petits rosés à boire en terrasse.
Lecteurs
(2.5)