Critique : Adam
Y a-t-il meilleur sujet de cinéma que les autistes ? Évidemment non. L'autisme permet de s'attendrir, de compatir, de verser sa petite larme sur le sort de pauvres malheureux passant leur vie à essayer de s'insérer. La meilleure méthode pour traiter ce sujet sans passer pour un auteur racoleur est sans doute : 1) de choisir l'option "film indépendant" pour éviter que l'oeuvre en question ne ressemble pas à une machine à dollars ; 2) de choisir un syndrome bien précis pour faire dans le réalisme semi-documentaire. L'objectif étant d'emballer un mélo susceptible de toucher les plus impressionnables tout en évitant au mieux les railleries des cyniques. L'air de rien, Adam réussit son pari : il est tout à fait possible d'être un peu ému par ce jeune type à la jolie frimousse, que son syndrome - Asperger, ça s'appelle - empêche de s'ouvrir à la vie et de séduire convenablement sa nouvelle et jolie voisine.
Au départ, le premier film de Max
Meyer fait même plus fort que ça : les premières minutes, muettes mais
pleines de sens, décrivent la vie solitaire et déprimante de ce jeune
Adam fraîchement orphelin de père. Il y a de quoi marcher à plein tube
devant cette peinture d'un quotidien vide et répétitif de cet être dont
les seuls plaisirs sont les macaroni and cheese
et les émissions de James Lipton. La suite, plus conventionnelle mais
jamais scandaleuse, tombe gentiment dans les travers du mélodrame
sincère mais toc. On voit ainsi Adam exceller dans son job - comme tout
bon autiste, c'est un scientifique hors pair - et séduire la mimi girl
next door en lui faisant visiter son appartement subitement transformé
en planétarium. C'est sympathique, c'est gentil tout plein, mais on a
quand même l'impression d'avoir vu ça une paire de fois avant.
Avec
une certaine pudeur, Meyer va pourtant au bout de son sujet, et
l'indéfectible foi qu'il semble porter en son film pousse forcément à
la tendresse. On croit ainsi très moyennement à l'histoire d'amour trop
édifiante qui finit par unir un Adam en voie d'adaptation et une Beth
tolérante et patiente comme quatre. Et l'on a encore plus de mal à
gober les difficultés rencontrées par leur improbable couple, tant
l'écriture approximative rend ces rebondissements artificiels. En dépit
de la prestation d'un Hugh Dancy gagnant à être connu et d'une Rose
Byrne plus chou tu meurs, Adam
ne prend jamais le dessus sur des intentions d'autant plus voyantes
qu'elles ne sont pas neuves. Mais reste bien moins déshonorant que bien
des hollywooderies faites pour récolter de l'Oscar.
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