Critique : Treeless mountain

Thomas Messias | 29 décembre 2009
Thomas Messias | 29 décembre 2009

À elles deux, Jin et sa soeur Bin doivent avoir environ 9 ans. Aussi, quand leur mère part un temps retrouver leur père, dont elle est séparée et dont elle espère le retour, leur tristesse est réelle mais contenue. Parce que, comme on dit, les enfants ne se rendent pas compte. Il apprennent beaucoup de leurs premières désillusions, perdant leur innocence plus ou moins rapidement selon les épreuves auxquels ils sont confrontés. Les deux petites héroïnes de Treeless mountain risquent de mûrir plus vite que la moyenne tant leurs premières années sont riches en enseignements. Confiées à une tante qui fait ce qu'elle peut mais n'a ni les moyens ni l'énergie pour faire une bonne mère de substitution, elles vont grandir avant l'heure devant la caméra de la réalisatrice So Yong Kim.


La mise en scène enveloppante, délicate, à hauteur de ces femmes en culottes courtes constitue l'un des vrais points forts de ce Treeless mountain qui marche sur les traces de Ponette ou Nobody knows par sa façon de montrer comment des enfants sont contraints de se prendre en main afin de combler un manque, qu'il soit temporaire ou non. La cinéaste ne donne jamais dans le jugement ou la compassion forcée : pratiquant le gros plan, caméra à l'épaule, elle nous place face aux deux gamines comme devant un miroir. Leur candeur est la nôtre, leur crédulité aussi. Montrant les adultes de plus loin, le film étudie sans s'attarder - le sujet n'est pas neuf - les différences de perception d'un même évènement selon l'âge et l'expérience. Et a le bon goût de montrer que, si les enfants nourrissent indubitablement une certaine incompréhension de certaines drames, ils peuvent néanmoins en être tout aussi malheureux. Vision assez déchirante de Jin et Bin qui, malgré leur très jeune âge, semblent régulièrement plombées par des idées noires.


Le film ne se départ jamais d'une certaine cruauté qui lui évite de sombrer dans un angélisme malvenu. Lorsque la mère quitte ses enfants au début du film, elle les laisse avec une tirelire-cochon en leur disant « quand elle sera pleine, je reviendrai ». Une phrase prononcée un peu en l'air, mais évidemment prise au premier degré par les petites filles, qui vont redoubler d'efforts pour collecter le plus grand nombre de pièces de monnaie. La tirelire remplie, elles fileront à l'arrêt de bus où leur mère est censée réapparaître presque comme par magie. Mais le retour tant espéré ne se produit pas, et c'est toute une partie de leur innocence qui part en lambeaux. Exemple parmi tant d'autres de la façon dont, petit à petit, les deux soeurs vont se construire, un peu sur le tas, en bâtissant leurs propres références et leurs propres modèles. Il y a, pour les adultes que nous sommes, quelques leçons à en tirer.

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