Critique : Pluie du diable

Thomas Messias | 21 novembre 2009
Thomas Messias | 21 novembre 2009

Le genre documentaire semble avoir trouvé sa place au cinéma : pas une semaine sans que sorte au moins un doc, la variété des fonds et des formes permettant d'offrir un large éventail de possibilités. La sortie de Pluie du diable est l'occasion de ressortir des cartons un débat archi rebattu, mais pourtant toujours prégnant : tous les documentaires ont-ils leur place au cinéma ? Est-il même dans leur intérêt de sortir sur grand écran ? Rien n'est moins sûr, et le film de Philippe Cosson en est un exemple édifiant. C'est un film informatif, instructif, plutôt pédagogique mais, nom d'une bombe à sous-munitions, où est le cinéma là-dedans ? Quelle est la part d'art qui s'y cache ? Difficile de répondre : cet exposé magistral, d'une banalité formelle absolue, peut éventuellement intéresser par les thèmes qu'il embrasse, mais peine véritablement à justifier sa sortie en salles.


Pluie du diable déroule une succession d'interviews et d'images d'archives qui montrent que certaines zones de notre planète sont de vrais champs de mines. La partie la plus intéressante du film est celle où, chiffres à l'appui, des spécialistes du déminage tentent d'estimer le temps nécessaire pour débarrasser complètement ces territoires des centaines de milliers de mines qui s'y terrent - dans le cas très optimiste où d'autres guerres n'éclatent pas. La réponse se compte en siècles, et cela fait froid dans le dos. Tout comme ces images de laotiens qui tentent de gagner chichement leur vie en récupérant le métal des mines pour le revendre et se faire quelques maigres pièces.


Puis Cosson va trainer sa caméra du côté d'un salon de l'armement, et montre les méchants marchands d'armes comme s'il découvrait leur existence. D'où une impression de totale démagogie doublé d'une absence totale d'enseignements. La seule conclusion que le film semble tirer, c'est que tout ceci est la faute des Américains, eux et eux seuls. Une telle absence de discernement laisse songeur. Mais, le film ne prenant pas la peine de poser une problématique en bonne et due forme, on ne pouvait guère attendre de réponses plus fines que celles-ci. Pluie du diable aurait peut-être eu sa place dans les émissions du dimanche soir sur M6, où il aurait touché plusieurs millions de spectateurs sans effort, mais rien ne laisse penser que sa sortie ciné ressemble de près ou de loin à une bonne idée.

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