Critique : The Red riding trilogy - 1980
Après le 1974 de Julian Jarrold, c'est au tour de James Marsh (The king) de se frotter à l'univers de David Peace. L'action se déroule donc 6 ans plus tard, toujours du côté du Yorkshire, où l'inspecteur Peter Hunter établit ses quartiers reprendre une enquête au point mort et tenter de démasque un tueur de prostituées. Ayant quitté la région après avoir provoqué involontairement la mort de deux collègues six ans avant, il effectue un retour remarqué. Parce qu'on voit en lui l'homme providentiel, capable d'enrayer enfin la terreur qui secoue les autochtones. Et parce que personne n'a pardonné à Hunter la mort de deux enfants du pays. James Marsh déroule un polar peut-être plus classique que le premier film de la trilogie, le personnage du flic brisé étant quelque chose d'assez commun. Mais voilà : l'enquête est passionnante, construite de façon très rusée, et 1980 nous embarque sans peine.
Marsh
a opté pour une mise en scène plus baroque que celle de Jarrold,
d'abord parce que le changement faisait partie du cahier des charges,
et ensuite parce que cela permet de donner corps à l'adieu récemment
fait aux années 70. 1980 ressemble à une mini-série de la BBC, lorgnant pour le style du côte d'oeuvres comme State of play.
À la tête du film, le trop rare Paddy Considine apporte du renouveau à
son personnage-archétype de policier solitaire, la modestie de sa
prestation rappelant celle d'Andrew Garfield dans 1974. C'est l'un des atouts de la trilogie Red riding : les héros y sont humains, fragiles, loin d'être intouchables, par les sentiments comme par les coups de feu.
Le
film offre une charge féroce des pratiques policières, la corruption
semblant ronge absolument toutes les filières. Ce qui, une fois encore,
pousse le héros à ne faire confiance qu'à une poignée de collaborateurs
triés sur le volet. Tout le monde est un traître potentiel, tout le
monde a une tête de tueur : en montrant l'air de rien que l'assassin
recherché est probablement quelqu'un d'apparence extrêmement ordinaire,
le film crée sans effets de style une paranoïa permanente, le serial
killer pouvant pointer le bout de son nez à tout moment. Pire : les
menaces sont peut-être multiples, l'un des meurtres ne collant
visiblement pas avec le reste. Ce sentiment d'insécurité est au coeur
de ce brillant 1980, dont la
superbe bande originale accentue le côté tragique. D'un pessimisme
absolu, la fin n'a pas vraiment tendance à vous réchauffer le coeur.
Tant mieux, ce n'est pas ce qu'on attendait de ce type de film.
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