Critique : The Red riding trilogy - 1983

Thomas Messias | 10 novembre 2009
Thomas Messias | 10 novembre 2009

Conclure une série artistique est toujours un rôle ingrat. Anand Tucker, jusqu'ici réalisateur de petites choses sans importance, en sait quelque chose. Si 1983, qui clôt la trilogie Red riding, est l'occasion pour lui de montrer de quoi il est capable, c'est également un formidable cadeau empoisonné. À Tucker de se taper, contraint et forcé, des scènes de résolution forcément explicatives ; à lui encore de sceller à jamais le destin des nombreux personnages rencontrés dans les deux premiers volets. Quand Julian Jarrold et James Marsh avaient imprimé leur propre cadence et leur style personnel à leurs segments respectifs, le pauvre Tucker plie sous le poids d'un imposant cahier des charges à respecter impérativement sous peine d'incohérences massives.


Mais cessons donc de plaindre cet infortuné, qui se sort mieux que bien de cette situation-piège. Si 1983 n'est clairement pas le meilleur des trois opus de la trilogie, c'est un film de très belle facture, qui boucle la boucle avec à la fois une certaine classe et une rage impressionnante. S'y déploie une violence physique plus frontale, moins suggérée, ce qui peut constituer une faiblesse pour un film de genre, mais permet au contraire à celui-ci de se démarquer de tout ce qui précède. Côté intrigue, le film se réoriente vers l'affaire des meurtres de petites filles déjà au coeur de 1974, mais sous un point de vue bien différent, ou plutôt deux : ceux de John Piggott, avocat miteux et ébréché, et de Maurice Jobson, policier pas franchement net dont les certitudes vont voler en éclat. 1983 bénéficie peut-être du casting le plus foisonnant de la trilogie : en plus de Peter Mullan, Sean Bean et David Morrissey, précédemment relégués au second plan, il faut ajouter Mark Addy, le nounours de The full monty, extrêmement convaincant dans un rôle grave et crucial.


1983 est donc le film de toutes les résolutions, apportant la plupart des réponses qui se faisaient attendre depuis deux films et neuf années. C'est peut-être là qu'est sa limite : le trop plein de révélations empêche peut-être le film, et donc la trilogie dans son entier, de conserver un petit côté Twin peaks qui n'aurait franchement pas été de trop. Il est presque décevant de voir une oeuvre aussi accidentée et torturée succomber aux douces sirènes d'une fin presque trop carrée. De quoi craindre la future réadaptation supervisée par Ridley Scott, lequel risque de rajouter un peu de vernis pour polir encore davantage un univers qui n'en a certainement pas besoin.

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