Critique : La Danse, le ballet de l’opéra de Paris

Depuis maintenant plus de 40 ans, Frederick Wiseman scrute la société Nord Américaine, ses institutions les plus diverses et leurs mécanismes. Avec un simple regard posé sur le monde – celui de sa caméra qu'il entraine partout avec lui – son œuvre dresse un panorama évolutif de la manière dont fonctionne un univers social. Sa méthode, le cinéma direct, à la manière de Richard Leacock ou D.A. Pennebaker, ses prédécesseurs, s'inscrit dans une démarche accrue d'objectivité et supprime notamment tout discours oral autre que celui des intervenants.

Dans La Danse il montrer une nouvelle fois l'efficacité de sa méthode pour traquer les moindres recoins d'une institution française, L'Opéra de Paris. Premiers plans : un montage sec et serré nous entraine d'une vue aérienne de Paris aux sous-sols de l'opéra. Le programme est là : partir du général pour atteindre le particulier. Scruter l'ensemble pour terminer sur le détail. La Danse de Wiseman ne sera jamais un traité sur la danse mais plutôt une entrée dans un monde habituellement clos, celui des répétitions et des coulisses.

Le côté institutionnel ne lui échappe pas et, même si on sent Wiseman captivé par les danseurs et leur préparation, chaque corps de métier est représenté, même en filigrane. Le cinéaste se livre à un recensement des individus qui participent au fonctionnement du lieu mais aussi à une cartographie de ce dernier. L'ensemble est parfaitement intégré à la mise en scène du cinéaste qui ne cherche aucunement la transparence. Alignant les plans séquences il cherche à suivre au mieux chaque geste, chaque son et chaque posture, accordant une importance égale aux enseignants et à leurs élèves à travers des jeux de miroirs qui permettent de comprendre les directives du premier et de capter chaque pas des seconds.

La Danse est à la fois un exercice exemplaire de cinéma direct, un tableau général et complet de l'Opéra, de ses singularités institutionnelles et simplement un film réussi.