Critique : Parking

Thomas Messias | 26 août 2009
Thomas Messias | 26 août 2009

Cruelle déception pour tous les amateurs de parkings (il y en a bien plus qu'on ne croit) : il n'y en a aucun dans Parking. Juste une place de stationnement au bord d'un trottoir, qui semble attirer la poisse et les voitures garées en double file. Ce qui contraint le pauvre héros, venu acheter quelques pâtisseries, à repousser son dîner et à attendre, heure après heure, que l'automobiliste indélicat vienne le libérer et lui permettre de retrouver le cours normal de sa vie. Cette attente durera évidemment tout le film, puisque de tuile en rencontre, le héros ne pourra repartir que très tard dans la nuit. Un drôle de principe pour un film qui fait forcément un peu de surplace, mais qui tire toute son originalité de ce statut de huis clos en plein air.


En quelques heures, Chen Mo va ainsi rencontrer une vieille aveugle qui le prend pour son fils mort, une petite fille en mal de père, un barbier manchot, des mafieux, une jolie prostituée et quelques autres. Une ribambelle de personnages et autant d'histoires, souvent graves mais jamais dénuées d'humour. Le héros est en effet si maladroit et malchanceux qu'une pluie d'emmerdes s'abat régulièrement sur le coin de son nez : il faut notamment le voir se débattre avec une tête de poisson ou voir quelle catastrophe il peut créer avec un simple gâteau au chocolat. Ce qui contrebalance idéalement la tristesse de l'ensemble, les protagonistes étant pour la plupart miséreux ou plombés par les contraintes.


La photographie très contrastée est un sérieux atout : on n'avait pas vu d'aussi beaux cieux depuis l'Eldorado de Bouli Lanners. Chung Mong-Hong crée des images étranges et poétiques, rend magnifique une porte en lambeaux, fascine avec la chevauchée fantastique d'un mille-pattes... Contemplatif ? Pas vraiment. Car chaque image n'est là que pour servir une historiette ou compléter un portrait. Si le postulat du film manque un peu de finesse par rapport au reste (les évènements qui bloquant le héros sont un rien téléphonés), Parking n'en demeure pas moins une jolie curiosité venue de Taïwan, qui aurait pu pousser plus loin l'étrangeté mais préfère au final faire triompher un réalisme teinté d'espoir.

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