Critique : Joueuse

Thomas Messias | 6 août 2009
Thomas Messias | 6 août 2009

Une femme de ménage subitement attirée par les échecs : voilà un pitch étrange et alléchant, au coeur du roman La joueuse d'échecs de Bertina Henrichs, et donc de Joueuse, premier long de Caroline Bottaro (scénariste de 3 films de Jean-Pierre Améris, dont l'excellent Les aveux de l'innocent). Pendant et après la projection, le film laisse une impression en demi-teinte, avant tout parce que le sujet proposé n'est pas traité de si près que cela. La fascination exercée par ce mystérieux jeu sur la frêle Hélène a, on le comprend, quelque chose de viscéral ; à l'écran, cela semble nettement moins évident. Pour schématiser, l'héroïne aurait pu se prendre de passion pour le jokari ou la bataille navale que sa trajectoire n'aurait guère été différente. Le jeu d'échecs semble si complexe, si technique, si exigeant qu'on regrette un peu d'en rester à la surface.


Mais Joueuse n'est pas un film sur les échecs, ni sur leur transposition dans la vraie vie (voir pour cela la mémorable Diagonale du fou ou la scène bien connue de L'affaire Thomas Crown) : c'est avant tout le portrait d'une femme qui cherche à s'affirmer dans un domaine bien à elle afin d'oublier la grisaille du quotidien, les factures à payer et l'usure de son couple. Cette facette du film est loin d'être révolutionnaire mais la prestation de Sandrine Bonnaire en renforce l'impression de sincérité et d'humilité. Contrairement au fameux échiquier, Caroline Bottaro montre que tout n'est pas tout blanc, ni tout noir, que les solutions sont là et que se prendre en main peut aider à s'en tirer.


L'attraction première du film est avant tout la rencontre Bonnaire / Kline, dans une relecture moderne de La belle et la bête. Elle est douce, frêle et craintive ; il est plein de poils, volontairement seul dans son antre. Leur rencontre fait rapidement des étincelles et constitue la partie la plus convaincante de Joueuse. On les regarderait volontiers jouer aux échecs pendant des heures, sur un plateau ou mentalement - très belle scène de fin de film. La gaucherie du style est assez touchante et rend indulgent : les jolis moments compensent assez largement les quelques ratés de ce premier film gentiment prometteur à la réalisation maladroite.

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