Critique : Casanova '70

Nicolas Thys | 17 juillet 2009
Nicolas Thys | 17 juillet 2009

Réalisé au milieu des années 1960, Casanova '70 se voulait avant-gardiste dans sa manière de montrer les jeux de séduction et la libération des mœurs et a parfaitement réussi son coup. Toutefois, en France Roger Vadim avait déjà mis le doigt sur cette mutation à venir en réalisant en 1959 et 1973 une adaptation des Liaisons dangereuses et un Don Juan féminin, deux objets plutôt libertins et à l'origine très littéraire mais revisités de manière à leur conférer un ancrage plus proche de l'époque où ils furent tournés.

La grande différence entre l'œuvre italienne et les françaises réside dans la force comique de la première. Ici, de véritable Casanova n'en cherchons point, il n'existe qu'à peine. Si Mastroianni est un séducteur il s'amuse surtout à détruire son image cinématographique, allant jusqu'à se croire impuissant car il a besoin d'action et d'adrénaline quand le sexe est devenu chose banale et facile. Le séducteur de La Dolce Vita est devenu frustré.

Si Casanova déchaînait les foudres au 18eme siècle, celui de Monicelli est juste un bouffon qui n'est plus maître du monde. Le monde a évolué, l'homme se cherche et il se retrouve au milieu d'énergumènes, parfaits reflets d'une société où le ridicule a gagné. Du psychiatre japonisant qui avoue ses penchants, au mari jaloux tueur incarné par un Marco Ferreri décapant, en passant par des caricatures de siciliens ou une demi-nonne, tout se délite et surtout la virilité pour la plus grande joie du spectateur.

Ce Casanova de pacotille perdu dans un siècle qui l'a dépassé n'est pas la comédie la plus féroce de Monicelli mais elle reste cependant l'une de ses plus réussies ; éloge à l'amour et critique d'une société névrosée dont la surface reste la même quand ses acteurs ne cessent de changer.

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