Critique : Tony Manero

Vincent Julé | 11 février 2009
Vincent Julé | 11 février 2009

Si La fièvre du samedi soir est un film fondateur du disco, il n'en reste pas moins la chronique sociale et noire d'une époque, les années 70. Or, à la sortie du film en 1978, le dictateur Pinochet est au pouvoir au Chili. Que symbolise Tony Manero, le personnage interprété par John Travolta, pour le cinquantenaire Raùl Peralta ? La passion de la musique, la fuite du quotidien, le rêve américain ? Difficile à savoir, si ce n'est qu'entre un concours de sosies et un spectacle de danse, il est prêt à tout.

 

La toile de fonds politique est omniprésente mais jamais signifiée ou même esquissée. C'est juste qu'elle trouve un écho troublant, pour ne pas dire une violente personnification, avec notre dictateur à pattes d'éléphant. Car Raùl peut au mieux chier sur le costume d'un concurrent ou au pire, tuer une vieille pour se payer sa piste de danse lumineuse. Rien ne peut l'arrêter, et son aura néfaste dépeint de plus en plus à chaque plan. Jusque dans les choix de mise en scène du réalisateur Pablo Larrain.

 

Si le spectateur développe une affection ironique pour cet antihéros, elle tourne aussi vite à la fascination malsaine. Il ne peut détourner ses yeux de l'acteur monstrueux de charisme qu'est Alfredo Castro. Que notre Tony chilien se déhanche dans sa chambre pourrie, qu'il marche d'un pas assuré dans les rues désertes ou qu'il fasse des avances à la fille de sa compagne... Le spectateur a envie de rire (même jaune), mais finit pas avoir peur (vraiment).

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