Critique : Eden à l'ouest

Laurent Pécha | 11 février 2009
Laurent Pécha | 11 février 2009

Eternel cinéaste engagé (il le dit lui-même : « tous les films sont politiques »), Costa-Gavras revient après 5 ans de silence avec un nouveau film et un nouveau « message » à faire passer. Sauf que cette fois-ci, l'auteur de Z et Amen a changé de manière. Bien plus léger (en apparence) que les films qui ont fait sa renommée, Eden à l'ouest prend le partie de la fable et l'humour est presque toujours de mise dans cette habile variation de L'Odyssée d'Homère voyant un jeune homme d'un pays fictif désireux rejoindre la ville de ses rêves, Paris. Lui-même immigré grec, Costa-Gavras trouve ici des thèmes qui lui sont chers et proches et qui lui permette d'insuffler une énergie qui manquait à ces dernières œuvres.

 

Filmées constamment à hauteur d'yeux de son Elias, formidable Riccardo Scarmacio (jeune acteur italien que l'on avait découvert dans Romanzo criminale), ces tribulations pour parvenir à la Capitale prêtent le plus souvent à sourire sans pour autant nous faire oublier les enjeux graves qui en découlent. Et Costa-Gavras de trouver un ton parfait car avant tout ludique pour singer les dérives policières et médiatiques qui alimentent sans cesse l'actualité lorsqu'il s'agit de parler de l'immigration. Pour autant, le cinéaste ne cherche jamais à appuyer le trait et fait appel plutôt aux fantômes de Chaplin, Keaton et Tati (jubilatoires séquences à l'hôtel où l'expression « l'habit fait le moine » est joliment mise en images) pour pointer du doigt les rouages d'une société qui abuse des faiblesses des plus démunis.

 

Derrière le rire et la légèreté, se cache ainsi un magnifique film. Une œuvre de militant éclairé qui nous rappelle avec maestria à quel point on peut être très vite un étranger aux yeux des autres.

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