Australia : critique sauvage

Vincent Julé | 24 décembre 2008 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Vincent Julé | 24 décembre 2008 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Film évènement de cette fin d'année (il sort le 27 décembre), Australia de Baz Luhrmann avec Nicole Kidman et Hugh Jackman, a divisé la rédaction. Si les partisans du contre sont nettement plus nombreux, il nous a paru judicieux de vous proposer aussi l'avis positif de notre unique défenseur de l'oeuvre. 

Ce n'est pas avec Australia que Baz Luhrmann réconciliera ses défenseurs et ses détracteurs. Au contraire, les premiers diront qu'ils ajoutent une pierre à son édifice, et les seconds qu'ils continuent à creuser sa propre tombe. Mais d'ailleurs qui sont-ils exactement ? En caricaturant, on pourrait dire qu'il y a d'un côté le (large et jeune) public et de l'autre, les cinéphiles. N'oublions pas que dans un numéro anniversaire, Studio Magazine avait fait de Moulin Rouge le meilleur film de ces quinze ou vingt dernières années. Pourquoi de telles considérations contextuelles me direz-vous ? Pour préparer au pire, à savoir une critique positive. Car le cinéma de Baz Luhrmann n'est pas seulement de ceux que l'on adore ou que l'on déteste, mais plutôt de ceux que l'adore détester ou que l'on déteste adorer.

 

photo, Nicole Kidman, Hugh Jackman

 

Et tout au long de ses 2h35, le film réussit ce tour de force, à savoir prouver et entériner que le réalisateur australien a bien un style. Reconnaissable, contemporain, populaire... avec donc une place de choix dans le cinéma actuel ? Ainsi, entre ces longs plans en apesanteur sur un cheval au galop en Australie et une scène de pur boulevard avec une Nicole Kidman coincée et outrancière en Angleterre, il n'y a que quelques secondes d'improbables accélérations aériennes et de petits tours sur Google Map. Se rappellent alors au spectateur ces choix de mise en scène imprévisibles, ces fautes de goût assumées, qui font de Moulin Rouge un joyeux bordel... mais aussi un souvenir paradoxal, nostalgique, où le ressenti a supplanté la raison.

 

photo

 

Australia joue des mêmes clichés, des mêmes prétentions, des mêmes ressorts, et dès le début, Baz Luhrmann préfère ne pas mentir et s'assurer la complicité du spectateur. D'où cette scène pivot et over-the-top, où Hugh Jackman torse nu et savonné se verse une bassine d'eau au ralenti. Tout est là, tout est dit. Kitsh, fou, inconscient, le tri est vite fait dans la salle. Impossible de jouer les rabat-joie ou les cyniques après ça, puisque le spectacle est à l'avenant, que cela soit de la comédie au drame, de l'histoire d'amour à la leçon d'Histoire, d'une traversée des grands espaces au bombardement ciblé de la côte. Une identité que l'on retrouve dans le titre incongru et définitif d'Australia ou dans les affiches d'Epinal. Baz Luhrmann parle à l'inconscient collectif, fonctionne à affect, ou pire à l'émotion complice et ironique. Il n'est presque pas la peine de citer le Victor Fleming d'Autant en emporte le vent et du Magicien d'Oz (pourtant évoqués voire invoqués en veux-tu, en voilà), tant ceux qui se sont repassés maintes fois Moulin Rouge et Roméo + Juliette en DVD, se réapproprieront les codes de la fresque ou l'air de Somewhere over the rainbow.

 

Affiche française

Résumé

Australia est donc de ces films faussement générationnels mais vraiment jouissifs, où votre jeune voisine essuie une larme et les vieux du fond applaudissent. Quant à vous, il faut choisir son camp, ou alors, pourquoi pas et pour une fois, laisser Baz Luhrmann choisir pour vous.

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