Critique : La Ronde de l'aube

Nicolas Thys | 13 novembre 2008
Nicolas Thys | 13 novembre 2008

La Ronde de l'aube est un brillant mélodrame, le plus abouti d'un cinéaste au sommet de son art. Adaptation d'un roman de William Faulkner, Pylône, publié en 1935, Douglas Sirk a repris du livre les éléments qui correspondaient le plus à son style, amplifiant la complexe relation triangulaire entre les personnages. Faulkner, l'un des plus grands auteurs américains du 20ème siècle qui fût également un scénariste prolifique à Hollywood, n'a pas participé à l'écriture du film mais le considérait, à juste titre, comme la meilleure adaptation jamais faite d'un de ses romans.

 

Pour cette histoire de héros de l'aviation déchu, que la mort a choisi d'éviter pendant la guerre et depuis condamné à errer et à devoir réaliser des numéros de vol pour gagner sa vie, Sirk a repris le trio d'Ecrit sur du vent : Robert Stack, Dorothy Malone et Rock Hudson dans des rôles très différents mais tout aussi intéressants. Rock Hudson, souvent cantonné à des rôles de playboy faciles, livre ici une interprétation exemplaire et toute en finesse. La mise en scène de Sirk, délicate et sublime, aidée par un scope très travaillé et un noir et blanc très contrasté est également édifiante, toute entière orientée vers une fin inéluctable voire fatale.

 

Fritz Lang, dans une boutade, avant dit que le cinémascope ne pouvait servir qu'à filmer des cercueils et des serpents. Sirk semble toutefois avoir la même approche pour la Ronde de l'aube où tout est tourné vers à la fois vers le grotesque effrayant d'un carnaval aux masques diaboliques et vers un désespoir omniprésent, dans chaque plan, dans chaque éclairage et jusque dans le format et la composition du cadre qui confère aux séquences aériennes une allure de tombeau à ciel ouvert.

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