Critique : Lucky Luciano

Nicolas Thys | 9 octobre 2008
Nicolas Thys | 9 octobre 2008

Réalisé en 1971 par Francesco Rosi, cinéaste italien aujourd'hui méconnu mais célèbre durant les années 1960-70, Lucky Luciano est à la fois l'un de ses films les plus importants mais aussi l'un des films sur la mafia italienne et sur les relations Italie - Etats-Unis les plus réussis et les plus difficiles. D'une part grâce à un scénario ingénieux et inventif où différentes époques s'entremêlent et d'autres part car le cinéaste, malgré le titre du film, a préféré dresser le portrait d'une époque davantage encore que celle d'un homme.

 

Mais contrairement à son titre, le film de Rosi est un faux biopic. Loin de faire le portrait d'un seul homme, un parrain forcé de retourner vivre en Italie, à Naples plus précisément, ville encore gangrénée par la Mafia comme le montrait récemment Gomorra qui est le parfait pendant contemporain de Lucky Luciano, le cinéaste délaisse l'homme au profit de l'effervescence qui règne autour de lui et en fait l'une des personnalités les plus discrètes et les plus redoutables de l'époque. Luciano restera toujours au second plan, rattrapé par les liens entre l'armée et le gouvernement américain et la mafia depuis la guerre et les trafics en tout genre.

 

Or, la période traitée, qui s'étend d'avant la guerre aux années 1960, est assez lointaine et par conséquent le développement politique opéré par Rosi, très friand de ce genre de discours peut paraître aujourd'hui obscur et complexe. Le cinéaste entremêle des discours tenu à l'ONU, des rapports gouvernementaux, les relations ambigües entre le pouvoir italien, plusieurs hommes de main et le protagoniste. Si certaines nuances restent opaques, l'ensemble finit néanmoins, si l'on ne s'y perd pas à cause du montage éclaté, par prendre corps et former une œuvre pénétrante et passionnante.

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