Critique : L'Homme de Londres

Thomas Messias | 29 septembre 2008
Thomas Messias | 29 septembre 2008

Ceux qui connaissent un minimum Béla Tarr savent bien que le monsieur n'est pas le plus grand des boute-en-train. Le cinéaste hongrois en apporte une nouvelle fois la preuve avec L'homme de Londres, adaptation d'un des très nombreux romans de George Simenon.

 

L'intrigue tient sur un timbre-poste, ou presque : un type vole une valise pleine de fric, qu'un vieux policier cherche à récupérer. Tout cela sur plus de deux heures vingt, dans un lent bout-à-bout de plans-séquences appliqués et travaillés, dans un noir et blanc poisseux (tiens, Tarr n'a jamais tourné en couleur). Chiant ? À condition de s'accrocher un peu au début, pas vraiment. S'il faut accepter la dilution de l'argument polardeux dans ce cinéma où la patience est reine, on peut également prendre un vrai plaisir devant des plans beaux comme des camions sans pour autant puer la frime. Apprécier ce drôle de ton un peu dépressif mais souvent piquant (comme du Kaurismäki dopé au Prozac). Goûter les étrangetés sonores, au niveau des bruitages et des voix. Lorsque les personnages s'expriment en français, les acteurs sont doublés d'une façon un peu étrange et décalée, notamment lorsque Michael Lonsdale "incarne" le truculent tenancier de l'hôtel-restaurant. Avec sa voix reconnaissable entre mille, il ajoute à la bizarrerie de l'ensemble.


Cette bizarrerie se traduit également par une série de scènes un peu improbables parce que surjouées ou touchant au burlesque, avec quelques références directes aux brillantes Harmonies Werckmeister, film sorti en 2000. Tourné en Corse par petits bouts pour cause de restrictions budgétaires, L'homme de Londres est un film aussi attachant que précieux, qui débarque dans quelques salles un an et demi après sa présentation à Cannes. Il peut également se voir comme le quasi-testament de Béla Tarr, qui a annoncé qu'il s'agissait de son avant-dernier film avant la quille.

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