Critique : La Ville fantôme

Flore Geffroy | 25 septembre 2008
Flore Geffroy | 25 septembre 2008

Amateur de frissons nocturnes, d'émotions sanguinolantes, de fantômes malfaisants, passe ton chemin. La Ville fantôme n'est pas rempli de vampires assoiffés d'hémoglobine, de réincarnations diaboliques ou de la moindre créature gore. Le héros de Ghost Town (titre original bien plat) est simplement un dentiste vieille Angleterre, renfermé et grognon, qui se fait opérer rapport à quelques peccadilles intestinales, pour apprendre ensuite qu'il a passé sept minutes de vie à trépas avant de revenir du bon côté (une scène assez poilante, d'ailleurs). Mais voilà : notre acâriatre anachorète voit maintenant des fantômes qui lui demandent tous de l'aide... plus particulièrement un cadre dynamique passé dans l'au-delà... Cramponné à son portable et tentant de couvrir son infidélité à sa femme, il s'est fait malencontreusement emboucher par un bus new-yorkais qui passait au mauvais moment.

 

On redoute d'abord le sirop dégoulinant et la platitude d'un propos presque annoncé dans ce film signé et écrit par David Koepp, plus connu pour ses prestations de scénariste : 4e opus d'Indiana Jones, Jurassic Park, Spiderman, La Guerre des mondes, pour n'en citer que les plus fameux. On craint ensuite l'embourbement progressif à partir d'une histoire au fil conducteur assez mince : n'est pas Capra qui veut, et les copies du Maître pâlissent plus souvent qu'elles ne brillent du même éclat. On attend enfin avec anxiété la bonne leçon de morale à l'américaine, aussi (peu) efficace qu'un coup de plumeau sur un nid de poussière...

 

On peut se détendre. Point de fiasco dans cette comédie romantique et légère (et vice versa) qui tient la route essentiellement grâce à la mise en présence de deux individus que tout oppose. Le procédé est, certes, vieux comme le monde, mais il fonctionne à plein ici, grâce à deux comédiens aux antipodes l'un de l'autre. Greg Kinnear (Little Miss Sunshine) s'empare de Frank, cadre ultra pète-feu en cours de repentir et manipulateur mais aussi personnage aussi horripilant qu'attachant. Face à lui, Ricky Gervais habite le tristouille Docteur Bertram Pincus. Avec son accent British, sa démarche effacée, fagoté comme un vieux schnoque, coiffé avec une queue de pelle, Ricky Gervais (The Office, pour le plus récent mais ce type a un CV long comme le bras) fait merveille dans sa peau de misanthrope égocentrique contraint de mener à bien une mission qui, bien entendu, va l'ouvrir à lui-même, aux autres, bref, transformer un grognon patenté en un être humain plein d'émotions. Le duo roule sur du velours d'un bout à l'autre du film : ce pourrait être aussi l'histoire d'une double rédemption, articulée sur deux personnages qui ne partagent rien ou si peu au départ. Chacun est la béquille involontaire de l'autre, le point d'appui qui leur a fait défaut pendant trop longtemps. On sourit aussi souvent aux dialogues aériens qui allègent le sérieux apparent de certaines scènes. Il ne faudrait pas s'y tromper : Ghost Town n'a pas la pointure requise pour figurer au palmarès des dix meilleurs comédies romantiques de tous les temps, loin de là. Mais il plane, tout au long du film, une ambiance suffisamment charmante pour qu'on s'y arrête et qu'on savoure une histoire pour ce qu'elle est : du cinéma sans prétention, léger et divertissant.

 

Résumé

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