Critique : All God's children can dance

Julien Foussereau | 9 septembre 2008
Julien Foussereau | 9 septembre 2008
Le drame de Kengo est de n'avoir jamais connu son père. Sa mère, évangéliste jusqu'au bout des ongles, lui a suriné depuis tout petit qu'il était le fils de Dieu. Pas réellement convaincu du haut de sa petite vingtaine d'années, il joue le jeu de peur que sa mère tombe en dépression malgré l'insistance de sa copine Sandra. Un jour, il se met à suivre un inconnu, persuadé qu'il s'agit de son père biologique.

 

Dans All God's children can dance, Robert Logevall nous apprend que le Christ est peut-être revenu sur Terre, qu'il habite à Los Angeles dans le quartier de Koreatown, qu'il est asiatique et a une grosse bite, signe distinctif selon sa môman de son statut divin. Voilà une information qui ne va pas arranger l'ego déjà bien gonflé de tous les hardeurs de la planète ! Blague à part, un festival de cinéma n'en serait pas vraiment un sans son parpaing arty, All God's... rentre parfaitement dans ce moule.

 

On sent dans ce film des pistes réflexives sur le brassage des cultures (le folklore catholique se mélange au bouddhique), la difficulté de trouver sa place dans le monde ou de bâtir un futur à deux lorsque son passé est aussi fragile et solitaire. Malheureusement, Logevall semble trop distrait par la beauté de ses plans « nature morte » (magnifiquement cadrés et éclairés ceci dit) pour se soucier de son histoire. Sur le papier, la filature partant de Koreatown pour se terminer dans un no man's land peut séduire mais les influences sautent aux yeux tant elles sont mal digérées.

 

All God's... s'apparente à un « melting pot-pourri » de Gus Van Sant ou de Tsaï Min Liang entre autres, sans la fluidité quasi céleste du premier ni l'intensité statique et roots du second. En revanche, reconnaissons que son degré de « chiantisme » est assez unique en son genre. C'est déjà ça.

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