Critique : Soldat de papier
Au début on s'interroge : ce ne doit pas être les bons sous-titres. Chaque acteur erre dans le cadre (hideux) en donnant l'impression de jouer dans un film différent de ses camarades. L'histoire de ce médecin qui se sacrifie corps et âme pour le programme de conquête spatiale soviétique n'est qu'un prétexte à déclamer des dialogues sans queue ni tête. On y passe du sens de l'art à une montre cassée, tout en causant de la mort et des services en porcelaine (indispensables en vacances). Tout cela en de vagues plans séquences, mis en scène n'importe comment (les visages des acteurs débordent souvent du cadre).
Visuellement Paper soldier ressemble à une horrible parodie de cinéma russe : boue, ciel gris et froid, interminables va-et-vient entre la gadoue et les intérieurs sales. Le symbolisme est lourdingue, la maison familiale baigne sous la pluie (comme chez Tarkovski), les femmes sont à moitié folles, les hommes portent le poids de tous les drames métaphysiques (même le dernier des troufions) et le communisme vampirise chaque recoin. On nous répète que l'humanité est comme les chiens, on nous le montre, on insiste, puis on parle d'un gars (qui ? un médecin, comme ça) mordu par un écureuil. C'est Le Doutage, cher aux Inconnus...
Seul le rire peut nous éviter de perdre la raison, et encore, on ne doit pas être ressortis indemnes de Paper soldier. Une partie de nous est morte devant ce film, bouffée par la transcendance divine des rideaux jaunes, qu'il faudra penser à acheter, pour l'appartement, au printemps prochain. On imagine que les plus pervers d'entre vous seront tentés de s'infliger cette œuvre totalement inconcevable, mais qu'il soit noté ici que la rédaction d'Ecran Large décline toute responsabilité quant aux séquelles irréversibles qui pourraient en résulter. Car il s'agit peut-être de l'un des pires films qu'on ait jamais vus en salles.
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