Critique : From this day forward

From this day forward fait parti de ces films injustement méconnus, rarement montrés et qu'on est heureux de pouvoir découvrir. Tourné juste après la seconde guerre mondiale, à une époque où certains fêtaient la victoire pendant que d'autres pleuraient leurs morts et se posaient des questions légitimes sur l'avenir économique de leur pays, le film de John Berry, contrairement à beaucoup d'autres, ne cherche pas à rassurer mais propose un constat de l'état de la classe populaire à l'aune de la crise économique à la fin des années 30 et de ses répercussions au retour des soldats en 1945.

Le scénario est; à première vue, d'une simplicité confondante et on pourrait d'ailleurs lui reprocher la facilités de certains dialogues et son aspect caricatural s'il n'inversait pas la tendance en étant si désespéré, sombre et réaliste, et finalement si éloigné de ce qu'Hollywood pouvait servir à l'époque. C'est peut-être l'une des raisons de son revers commercial et de son intérêt aujourd'hui : ce film n'est pas une comédie dramatique avec fin heureuse malgré ces quelques moments où il peut faire sourire, ni même un mélodrame puisque ce n'est pas l'histoire d'amour qui prime mais l'univers dans lequel les protagonistes tentent de survivre.

From this day forward est simplement un drame social dans lequel chacun pouvait se retrouver, l'anti « American Dream » par excellence. La mise en scène, très classique et transparente, permet à l'histoire de s'installer confortablement mais, au lieu de donner au spectateur du rêve, le cinéma fait miroir et propose le reflet d'un monde auquel tous veulent échapper à l'aide du récit d'un quotidien qui peut être celui d'un individu lambda avec ses attentes, ses espoirs, ses déconvenues, ses peines et surtout son absence totale de certitude sur l'avenir. Une sorte de « néoréalisme de studio », sans rêve,  ni échappatoire, tentative intéressante mais vouée à l'échec car contraire aux attentes de tous.