Critique : 24 city

La Rédaction | 2 juin 2008
La Rédaction | 2 juin 2008

Rosselini aura laissé de beau reste. Jia Zhang Ke serait sans doute son meilleur élève. 24 City suit le lent délitement d'une usine d'armement appelée à disparaître pour devenir une résidence de luxe. En parallèle, de nombreux travailleurs de l'usine reviennent sur leurs souvenirs liés à cet environnement accusé d'obsolescence.

 

Après Useless, le nouveau film du génie chinois s'ancre dans un documentaire trompeur, car mâtiné de tronçons fictifs. Obnubilée par la cinégénie de la ruine, la caméra de  Jia Zhang Ke se pose à nouveau dans un monde en mutation, entre vestiges industriels et reconversion néo-bourgeoise, entre communisme d'apparat et capitalisme sauvage. Chez Jia Zhang Ke, le réel possède toujours une force hallucinatoire, émergeant d'un décor aux airs cataclysmiques dans un pays contaminé par une schizophrénie politique et sociale. La maîtrise technique, servie par la DV, est poussée à son paroxysme pour servir cette entrée du réel dans l'objectif : les plans deviennent des orgasmes impressionnistes, jamais la perfection picturale n'aura été aussi émouvante.


Pourtant, passé le choc esthétique, passée l'émotion devant une telle humilité de ce portrait humain face à cette apocalypse quotidienne, une légère déception point. Le dispositif - l'alternance quasi mécanique entre paysages urbains et interviews - établit d'emblée une logique systématique, loin des échappées oniriques de ces précédentes œuvres, qui finit par étouffer le flux narratif. Certes belle confirmation d'un Auteur, 24 City ne sera malheureusement pas l'éclat cannois tant attendu.

 

Yann François 

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