Critique : La Vie comme ça

Nicolas Thys | 12 mai 2008
Nicolas Thys | 12 mai 2008

Réalisé en 1978 pour la télévision, lorsque celle-ci était encore capable de prendre des risques, La Vie comme ça, malgré de nombreux traits caractéristiques propres à Jean-Claude Brisseau, se démarque de ses œuvres futures notamment par le peu de place accordé à l'imaginaire et à l'onirisme au profit d'une description crue d'un paysage et d'une situation sociale jusque là ignorée des médias. Unique exception le « peloteur » du métro, seul personnage qui se démarque par sa folie du reste du monde mais qui sera lui aussi rattrapé par un réel cruel et brutal.

 

Le film s'intéresse dans un premier temps à la vie dans une cité de Bagnolet en 1975 à partir entre autre d'anecdotes entendues, lues ou vécues par le cinéastes et à voir le film 30 ans plus tard, on se rend compte d'une chose c'est que le degré de violence n'a pas tant augmenté qu'on pourrait le croire : meurtres, suicides, violences verbales et physique, tout y est et filmé de manière brute. Le grain naturel de l'image ajoute un réalisme noir à une situation dramatique. Deuxième temps : la vie en entreprise. Là aussi tout est noir et malgré quelques avancées peu de choses semblent avoir changées : du patron dictateur au harcèlement des syndicats.

 

Chose étrange aussi qu'on retrouve assez peu ailleurs : l'humour. Noir, glacial et cynique à souhait. Du premier plan, long travelling descriptif sur une salle de classe, tableau vivant de les lycéens regroupés entre dormeurs, ergoteurs, joueurs, et où seuls trois puis deux élèves tentent de suivre un cours, aux mini interviews frontales d'employées racontant qu'elles sont payées à faire un travail inutile tout y passe.

 

Autre exemple significatif de la banalité du drame vécu au quotidien, le film possède deux des répliques les plus horriblement drôles du cinéma. Au début du film une femme se jette de la fenêtre d'un HLM, là un homme passe, énervé, s'exclamant : « Si ça continue il faudra prendre un parapluie ! » quand peu après alors qu'un adolescent regarde le cadavre, amusé, son père hurle d'une fenêtre : « Patrick, je t'ai déjà dit de ne pas toucher au cadavre ! ».

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