Critique : Mr. Untouchable

Julien Foussereau | 6 mai 2008
Julien Foussereau | 6 mai 2008

Après American Gangster, Marc Levin s'est penché lui aussi  avec  Mr Untouchable sur le crime organisé afro-américain de New York. Les deux œuvres se complètent pour livrer un portrait édifiant de la Grosse Pomme ravagée par l'héroïne. Ridley Scott s'attarde plus sur la mise à table de Frank Lucas pour purger les stups de ses éléments corrompus tandis que Marc Levin raconte la chute d'une gigantesque pieuvre narcotique. Ce qui frappe dans Mr Untouchable, c'est l'existence banale et (relativement) paisible de Barnes au plus fort de sa « carrière ». Formé à l'école sicilienne, il embrassa le statut de légende vivante de par sa colossale fortune et son statut d'ancien miséreux de Harlem lui assurant la tranquillité.

 

Car, drogue et négritude se mélangeaient dans ce contexte. Il était tout autant question de faire de l'argent et s'affirmer en tant que communauté. C'est tout du moins ce que veulent nous faire croire ces ex-dealers. Barnes et ses hommes partageaient des valeurs très middle class et faisaient censément bloc ensemble... jusqu'à ce que Barnes, comme tout bon mafieux, eût envie de virer respectable et se mette à narguer la police avec la couverture du New York Times Magazine en tant qu'intouchable. Placé sous les verrous, délaissé par ses lieutenants trop contents de piquer la place du roi (ainsi que sa reine), Barnes, ivre de vengeance, collabora avec la police afin de démanteler son organisation.

 

Mr Untouchable laisse apparaître surtout des individus pathétiques, affichant une unité de façade vite balayé par l'attrait magnétique et destructeur du dollar. Levin parvient bien à saisir la dichotomie implacable entre leurs excuses et la réalité. Certes, ils se sont enrichis mais c'est grâce à eux que le carnaval de Harlem existe... une excuse lamentable parmi tant d'autres pour occulter le fait qu'ils ont transformé New York en cloaque fétide en la noyant sous des tonnes d'héroïne. Emerge, au final, de Mr Untouchable des sexagénaires réagissant encore comme des ados, preuve s'il en est que le code d'honneur chez les gangsters n'est qu'une chimère. Retenons quand même la bonne parole de Barnes, ayant une interprétation bien à lui des Saintes Ecritures : « Je les ai pardonnés mais j'espère qu'ils ont compris leur douleur ! Parce qu'il ne fallait pas me faire chier ! »

 

Barnes regrette certainement de ne pas leur avoir distribué des pains (ou des pruneaux). On sait maintenant que c'était mû par un sentiment d'amour fort pour cette bande d'enculés ! Amen.

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