Critique : Chasseurs des ténèbres

Flavien Bellevue | 30 mars 2008
Flavien Bellevue | 30 mars 2008

A la fin des années 1970, le prestige du cinéma japonais n'est plus le même qu'au début des années 1950, car les majors se tournent vers la télévision qui gagne de plus de plus de terrain. Entre temps, l'arrivée d'auteurs dits de la « nouvelle vague japonaise » comme Nagisa Oshima, Hiroshi Teshigahara ou encore Shohei Imamura, brise les codes narratifs et techniques du cinéma de genre et annonce la fin de son age d'or. Pourtant cette fin ne sonne pas le glas pour des réalisateurs comme Hideo Gosha. Celui-ci s'adapte aux nouvelles tendances, tout en conservant sa mise en scène traditionnelle et reste attaché au tournage en studio. Son film de 1978, Bandits contre samouraïs amorçait déjà ce mélange et perpétue cette voie, l'année suivante, avec Chasseurs de ténèbres où il réunit, entre autres, son acteur fétiche Tatsuya Nakadai et la star du film d'action 70's japonais, Sonny Chiba. 

 

Si le réalisateur japonais a construit son cinéma avec un regard sur les failles du système féodal et ses conséquences sur les hommes qui la constituent, il profite de la tendance pop pour renouveler son style à travers un scénario foisonnant de personnages hauts en couleurs. Entre le tueur amnésique borgne Tanigawa, le chef de clan Gomyo, le samouraï Shimoguni et les personnages féminins souvent perfides, le scénario de Chasseurs de ténèbres a le mérite de faire exister chaque caractère et livre une fresque inattendue. Les différentes positions de chacun et leur philosophie forment en grande partie l'aspect moderne du film, avec, bien entendu, un traitement visuel des plus soigné.

 

Grand cinéaste formel, Hideo Gosha joue une fois de plus des cadres et donne un ton « exploitation » à son film, avec ses couleurs pop, ses combats aux gerbes écarlates et un soupçon d'érotisme. L'explosion de L'empire des sens quelques années auparavant, permet des scènes dénudées décomplexées où les kimonos s'ouvrent désormais complètement. La place de la femme n'en est pas pour autant diminuée, puisque elle reste toujours forte et dévouée au destin qu'elle a choisit. Malgré ses éléments, Chasseurs de ténèbres est plus qu'un film de genre tant le réalisateur explore de nouveau et malmène l'Homme avec son honneur et ses travers. Par le biais du personnage de Tanigawa, il porte l'espoir d'un nouvel homme ne regardant plus vers le passé mais vers l'avenir qui reste à construire. Une figure humaine presque déjà vue lors des premières heures du cinéaste comme Le Sabre de la bête.

 

Avec tout ce que le film transporte en émotions durant plus de deux heures, on regrettera qu'il s'achève sur un combat au sabre peu intéressant, mais attendu commercialement parlant, alors que la séquence précédente aurait conclut l'œuvre avec grâce et poésie.

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