Critique : Andalucia
A la manière d'un Richard O., le héros d'Andalucia entraîne le spectateur dans une quête qui le dépasse. Du monde, on ne verra ici que le personnage. A travers ses yeux et ses attitudes se définit ce qui l'entoure. Et on dévore du regard, on boit les paroles de Yacine, qui, ambigu aux première minutes (à la fois parfait dans sa relation avec les enfants et inadapté aux situations d'adultes), change et s'enrichit devant nous. Une réussite basée presque entièrement sur le jeu de Samir Guesmi, intrusif et agressif dans son jeu physique et parfois presque tendre, enclin à une certaine forme de sensualité.
C'est presque le périple d'une
âme pure, plus idéaliste que matérialiste, que suit le spectateur à la fois
séduit et déstabilisé par le culot et la liberté avec lesquels le réalisateur
scénariste Alain Gomis casse les codes traditionnellement établis : vivre
dans une caravane n'est plus un signe de pauvreté mais un choix, de même que la
précarité du travail. Et quand est alors bien dépeint le contexte visuel
(l'intérieur de la caravane est une superposition des images, cartes postales,
photos qu'affectionne le personnage, les jardins, lieux, même les
Champs-Élysées semblent irréels) c'est juste de poésie qu'il s'agit. De beauté,
de magie, de charme et d'une touche d'humour pour dédramatiser et relever le
tout.
Andalucia est une
rencontre merveilleuse avec un personnage qu'on aimerait croire vrai. Une
rencontre aussi avec un réalisateur de talent et un acteur qui ne l'est pas
moins. Le film parfait pour les grands rêveurs, les assoiffés de poésie ou les
artistes du quotidien.
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