Critique : La Fabrique des sentiments

Jonatan Fischer | 28 février 2008
Jonatan Fischer | 28 février 2008

 « Vous avez peur de ne pas être aussi convaincant au-delà de sept minutes ? »

 

Petit pic lancé l'air de rien par Eloïse, 36 ans et clair de notaire, à un des hommes qu'elle a rencontré lors d'une séance de speed-dating. Après Irène (avec Cécile de France) et le plus récent Didine (avec Géraldine Pailhas), les trentenaires célibataires sont une fois de plus à l'honneur dans le cinéma français. Sauf que cette fois derrière la caméra on retrouve Jean-Marc Moutout, réalisateur qui avec son premier long Violence des échanges en milieu tempéré avait montré tout son savoir-faire pour instaurer des ambiances glaciales et dresser , sans concessions, le portrait de notre maléfique société moderne. Comme son titre l'indique, La fabrique des sentiments n'est pas là pour surfer sur la vague des comédies romantiques avec happy end. On fait ici la queue, comme chez le boucher, en espérant avoir trouvé le bon numéro.

 

L'héroïne, campée à merveille par Elsa Zylberstein, n'en est plus à une contradiction près. Eloïse est riche et belle, indépendante et organisée. Et elle aimerait bien insérer dans son agenda une petite place pour vivre le grand amour et fonder une famille. Puisque de nos jours tout se consomme, y compris les relations, elle s'essaie au speed dating («7 hommes, 7 femmes, 7 minutes pour se rencontrer et la vie pour se revoir »). Elle y croise, entre autres, son homme idéal (un avocat sexy et baratineur) et un loser désabusé qui va tomber fou amoureux d'elle. Mais si faire ces rencontres artificielles est aisé, les installer dans la réalité l'est nettement moins. Entre deux speed-dating bourrés de cynisme, Moutout suit cette fille perdue (sans cheveux gras) dans son quotidien étouffant de solitude. Quand les émotions sont trop complexes, la santé peut aussi lâcher et la maladie ne tardera pas à débarquer dans sa vie. L'occasion où jamais pour elle de se remettre en cause et de décider de ce qu'elle veut vraiment.

 

Avec des acteurs parfaits, un scénario implacable et un cynisme à toute épreuve, Jean-Marc Moutout tire la sonnette d'alarme : consommer, n'est pas aimer.

Résumé

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