Critique : Le Mozart des pickpockets
Le Mozart des pickpockets se situe d'ailleurs à l'opposé de ce qu'on a pu voir dans le film de gangsters français depuis une éternité. Grâce à une forme très classique et maîtrisée, sans aucun maniérisme et aidé de dialogues aussi décapants qu'amusants, bien loin des répliques cinglantes d'Audiard mais parfaitement adaptés à ces marginaux de pacotille à l'allure d'âne bâté, le cinéaste nous conduit dans les quartiers populaires nord parisiens qui servaient déjà de décors aux films policiers un demi-siècle plus tôt : Pigalle, Barbès et la Chapelle.
Mais en 50 ans le changement est notable : plus les mêmes gueules, ni les mêmes commerçants. Plus le même type de casses : les poches remplacent les banques, les durs sont devenus mous, les flics sont en civil et dans hôtels miteux la misère guette. Dans son premier court-métrage, Ma place sur le trottoir, les prostituées n'ont d'ailleurs même pas été remplacées puisqu'elles sont septuagénaires !
Aidé d'un gamin sourd muet abandonné, les protagonistes, deux paumés au cœur tendre, vont tant bien que mal essayer de s'adonner au « micro-banditisme », ce qui donnera lieu à des séquences burlesques et cocasses. Le Mozart... est une petite perle, à la fois hommage à ses aînés et poursuite d'un genre en perte de vitesse et qui, ces dernières années, faute de grands créateurs, s'était souvent beaucoup trop pris au sérieux pour être convaincant.
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