Critique : Le Bel Antonio

Nicolas Thys | 27 janvier 2008
Nicolas Thys | 27 janvier 2008

Avant de débuter sa carrière de cinéaste, Pier Paolo Pasolini a longtemps été scénariste pour le cinéma italien, collaborant avec Federico Fellini, Luciano Emmer et surtout Mauro Bolognini. Le Bel Antonio est leur dernière collaboration et non la moindre. Thématiquement on perçoit l'emprunte de Pasolini, celui de Théorème surtout, mais aussi de Mamma Roma par certains aspects. Si l'histoire en elle-même semble aujourd'hui quelque peu dépassée, certains risquant même d'être rebutés tant la situation évoquée parait passéiste, la critique sociale est toujours présente et vivace.

 
Antonio, subtilement interprété par Marcello Mastroianni, est en quelque sorte l'antithèse du personnage de Terrence Stamp dans Théorème, pourtant tout aussi énigmatique et emprunt d'une religiosité déconcertante. Faux Don Juan, souvent séducteur malgré lui, il devient impuissant à la vue d'un « ange », ne voyant qu'elle, ne parvenant à effacer l'image de l'ingénue qui lui résiste sans le vouloir quand toutes les autres sont à ses pieds, prêtes à mourir pour celui qui ne les voit pas. Alors que le film de Pasolini se pare d'une modernité sans équivoque, reniant tout psychologisme au profit d'une inquiétante étrangeté, le film de Bolognini cherche encore des explications afin de mettre à jour la situation morale hypocrite d'une Italie délabrée.

 
Cependant la mise en scène de Bolognini, on ne peut plus raffinée et recherchée, compense largement les failles d'un récit qui parait assez lointain. Indirectement le cinéaste nous fait ressentir le poids du religieux dès les premiers plans. La noire mélancolie de la séquence initiale, la rédemption soudaine après la crise, ce plan d'ensemble sur un hall d'immeuble immense et désert apparaissant comme une cathédrale, ces détails imperceptibles de plus en plus insistants : croix, tableaux, indices disséminés ici et là : Dieu ne fait que contempler son œuvre, rappelant une présence et un destin auquel le héros ne pourra se soustraire.

 
Finalement le contemplatif cède le pas à l'action dans ce beau film mystique et désenchanté.

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