Critique : XXY

Thomas Messias | 29 décembre 2007
Thomas Messias | 29 décembre 2007

Il n'y a pas que les escargots qui sont hermaphrodites ; une fois de temps en temps, chez l'humain, les chromosomes sexuels perdent la tête et concourent à fabriquer un être un peu masculin, un peu féminin, physiquement viable mais psychologiquement instable. XXY traite de cette quête désespérée d'identité, dans un univers où les étiquettes (en particulier "garçon / fille") sont si importantes, à travers le personnage d'Alex, 15 ans, plutôt fille a priori, mais a priori seulement.


Qu'on se rassure, la réalisatrice Lucia Puenzo n'a choisi aucune des options "drame pleurnichard sur la différence" ou "exploitation sordide et racoleuse d'une ambivalence sexuelle". Si l'hermaphrodisme est bien au centre de XXY, c'est pour elle une façon comme une autre de parler de la différence et des angoisses qu'elle suscite. Parce que traiter un tel sujet sans tomber dans le voyeurisme était chose ardue, Puenzo reste toujours en périphérie, observant à distance les émois et les doutes de ses personnages. Un traitement qui en frustrera plus d'un, le sujet n'étant jamais traité frontalement. Il n'empêche : prendre des pincettes était sans nul doute la meilleure façon de faire.


Là où la maestria de Puenzo apparaît, c'est lorsqu'elle résume en une seule scène l'intégralité des enjeux de son film. Et quelle scène : brève, forte, intense et riche en hormones, elle fait en quelques plans ce que bien d'autres cinéastes auraient mis vingt minutes à dire. Décidément, le cinéma argentin se porte bien, le regard acéré qu'il porte aux choses de la vie étant sans nul doute le plus juste qui soit. Bien aidée par l'emblématique Ricardo Darin (présent, entre autres, dans les deux grands films du regretté Fabian Bielinsky), Lucia Puenzo incarne à merveille ce renouveau du septième art sud-américain, qui rebondit perpétuellement de révéltions en confirmations.

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