Critique : Once

Vincent Julé | 11 novembre 2007
Vincent Julé | 11 novembre 2007

C'est autour d'un piano qu'a lieu la rencontre. Ils se sont bien croisés dans une rue de Dublin, parlés dans un fast-food, mais leur complicité ne se noue, ne se révèle que lorsque lui, le réparateur d'aspirateurs du coin et elle, la vendeuse de fleurs immigrée ne deviennent guitariste, pianiste et chanteurs. Il gratte, donne le la, se laisse aller. Elle pianote, déchiffre, murmure. Comme assis avec eux, le réalisateur saisit et le spectateur assiste à un instant de création musicale, un peu naïf, un peu magique, qui se mue en un morceau de pop-folk intimiste, « Falling Slowly ». Un titre que l'on retrouve aussi dans la bande originale du film, le disque The Swell Season composé à deux par les interprètes et musiciens Marketa Irglova et Glen Hansard, et l'album The Cost du groupe The Frames dont ce dernier est le leader et chanteur. Ce qui n'empêche pourtant pas chacune de ses quatre interprétations d'être différente, complémentaire et fédérée par la mise en scène de la musique dans le film. Car Once est un drôle d'objet cinématographique, ni vraiment une comédie musicale, ni vraiment un opera rock.

 

Aux dialogues rares et sommaires répondent des paroles simples et sincères, à l'instar de cette question qu'elle a à plusieurs reprises - pour qui a-t-il composer ses chansons - et à laquelle il répond indirectement en prenant sa guitare et en chantonnant qu'il est un « broken hearted hoover fixer sucker guy ». Composer et jouer tiennent de l'acte solitaire, à la fois lieu de refuge et ligne de fuite. Avec 45 minutes de musique sur 85 de film, John Carney prend le parti pris d'épouser et de détourner les mises en forme habituelles et culturelles de la musique. Comme lorsque sur son ordinateur portable, il regarde des images, montées, de son ex pour composer la chanson « Lies » et que l'un dans l'autre, le film prend des airs de clip vidéo. Les exercices de style continuent, de l'enregistrement d'une maquette au test de la voiture, avec des perceptions nouvelles mais une même harmonie. En effet, au fur et à mesure des morceaux, seul ou ensemble, les erreurs et hésitations disparaissent alors que les voix s'apprivoisent et se mêlent.

 

Finalement, il s'agit d'une rencontre au cœur de la musique et plus précisément de la pop, de sa création à sa représentation, avec cette irrésistible et intime envie qu'il y en ait d'autres, sur platine, sur scène ou sur grand écran.

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