Critique : Si j'étais toi

Si j'étais toi possède un gros point fort qui le sort du lot des nanars nauséabonds : Olivia Thirlby, jeune actrice plus que prometteuse, véritable révélation du film qui, depuis, en a enchainé plusieurs autres dont Vol 93 de Paul Greengrass ou Juno, le prochain film de Jason Reitman. Elle est le film, corps et âme, et parvient même à paraître crédible dans un univers où le cliché est roi et où les dialogues sirupeux à la Besson font presque rire quand il faudrait s'émouvoir. Performance marquante d'autant que face à elle on retrouve un David Duchovny mono-expressif qui semble se demander à chaque plan s'il ne s'est pas trompé de plateau : « C'est quoi cette histoire de possession ? Où sont mes extra-terrestres ? »

Et si révélation il y a c'est bien la seule car malheureusement ce n'est encore aujourd'hui que Vincent Perez nous dévoilera ses talents de metteur en scène. Pourtant tout partait pour le mieux avant de sombrer dans le n'importe quoi : un générique efficace, image d'un œil en gros plan ravivant quelques souvenirs cinéphiliques et qui se verra ensuite décliner en de multiples formes : objectifs multiples, écrans en tout genre. Une idée qui aurait pu être ingénieuse dans un autre contexte mais qui se révèle ici assez inutile.

Mais le gros défaut de Si j'étais toi réside bel et bien dans son scénario. Ajouter une touche de réalisme à un univers fantastique pourquoi pas, mais pas au point de faire passer le fantastique au second plan au profit d'une action digne d'un teen movie trash à la Thirteen en plus ridicule encore. Dans le genre « montrer-les-ados-dans-leur-milieu-naturel » on se réfèrera davantage à Gregg Araki voire, plus gentil, à Thomas Moodysson. Enfin la représentation la drogue dans le film laisse pantois : faire passer la kétamine, anesthésiant vétérinaire et drogue dure, pour un petit gadget inoffensif résolvant tous les problèmes et permettant de voir des flocons de neige c'est ahurissant et inconscient.