Critique : La Chambre verte

Jean-Noël Nicolau | 14 septembre 2007
Jean-Noël Nicolau | 14 septembre 2007

Œuvre extrêmement personnelle pour Truffaut (mais ne le sont-elles pas toutes ?), la Chambre verte est une méditation sur la mort, à la fois complexe et très humaine. Sans jamais tomber dans l’austérité, le réalisateur parle d’obsession et de deuil avec force, se donnant un rôle difficile qu’il parvient peu à peu à rendre bouleversant. Souvent lyriques, les images inoubliables sont nombreuses, que ce soient les murs couverts par les photos de l’être aimé, la destruction du mannequin, cet impossible simulacre, et bien sûr les dizaines de cierges de la chapelle dédiée aux disparus. Les répliques sont intenses et brillantes, Truffaut acteur offrant ici sa prestation la plus habitée.

Il y a de la souffrance absolue et de l’espoir élégiaque dans la Chambre verte, et l’on pourra deviner ici comme un écho au Vertigo d’Hitchcock, autre grande errance habitée par la femme défunte. L’auteur, inspiré par Henry James, finit par annihiler son personnage dans sa fascination, le film se révélant au final comme la lente fusion du vivant vers la mort. L’inévitable conclusion, libératrice et terrible ne fait que conforter à la fois le trouble et l’émotion sincère du spectateur. Œuvre de douleur, requiem en mode mineur, la Chambre verte dévoile François Truffaut dans sa plus belle fragilité et sa plus pudique détresse.

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