Critique : La Ronde de nuit

Laurent Pécha | 6 septembre 2007
Laurent Pécha | 6 septembre 2007

Il aura fallu du temps à Peter Greenaway pour revenir à ses premiers amours. Grand cinéaste formel, l'auteur du Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant aborde de front l'univers de la Peinture, lui qui l'étudia dans les années 60, en évoquant la vie de Rembrandt. Pour autant et sans surprise pour qui connaît l'univers singulier du réalisateur, La Ronde de nuit (Nightwatching) est tout sauf un bio épic classique comme les affectionne le cinéma lorsqu'il s'agit de mettre en images la vie des grands artistes du passé.

Le but de Greenaway n'est pas ici de nous faire découvrir la destinée du peintre hollandais en concoctant un film historique mais de s'interroger sur les paradoxes de la vie de Rembrandt  - comment par exemple un artiste si riche a fini sa vie aussi pauvre -. En se concentrant essentiellement sur un moment précieux de l'existence du peintre - la naissance de l'une de ses plus célèbres toiles, Ronde de nuit - le cinéaste réussit ce que peu ont su faire avant lui : effleurer les affres de la Création et montrer dans quelles mesures l'Art peut bouleverser le monde.

 

En détective artistique, Greenaway explore toutes les possibilités de cette commande faite à Rembrandt par la Milice d'Amsterdam en montrant que chaque détail de la toile est tout sauf anodin. Il nous invite dans l'intimité de l'artiste pour nous montrer si besoin est en quoi celle-ci l'influence (le rôle essentiel des trois femmes qu'aura connu Rembrandt) et surtout il nous laisse avec des pistes de réflexion passionnantes (la peinture comme reflet de la réalité ? qu'est ce qu'un peintre ?,...)

En véritable auteur, Greenaway amène son récit sur des chemins balisés et fait rejaillir sur l'écran ses obsessions autour du sexe et de la mort magnifiquement personnifiées par un Martin Freeman exceptionnel en Rembrandt. On y retrouve également un sens de la composition picturale unique qui trouve peut être ici son apothéose tant le cinéaste parvient à coller aux compositions du peintre, en jouant notamment avec le noir et la lumière. Alors, le voyage intérieur proposé par Greenaway a beau être ardu (132 minutes, un côté théâtre filmé qui peut en rebuter beaucoup, récit très bavard), il n'en demeure pas moins passionnant. Grande œuvre !

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