Critique : In your hands

Nicolas Thys | 23 juillet 2007
Nicolas Thys | 23 juillet 2007

In Your Hands réalise une performance. Il parvient à intégrer un aspect mystique voire surnaturel à un film répondant sans écart aucun aux exigences pourtant nombreuses du Dogme95. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ou peu le « Dogme » nous vous renvoyons ici mais ce qu'il faut retenir c'est l'aspect extrême du mouvement qui va vers un déni de l'auteur et recherche un réalisme cru. Rien n'est simulé, rien n'est caché, rien n'est truqué, tout est brut jusqu'aux relations sexuelles.

L'intérêt du film, une réflexion profonde sur Dieu et la foi qui fera passer chacun des protagonistes par un chemin de croix absolument horrible sans ménager non plus le spectateur qui se retrouve alors face à ses propres démons et drames personnels, réside d'abord dans sa capacité à faire de chaque difficulté technique potentielle un moyen de sublimer le récit. La crasse, la saleté des lieux est renforcé par l'image poisseuse, les sentiments et le malaise de chacun se retrouve amplifié par les mouvements de caméra à l'épaule, les raccords brutaux, la proximité des visages blafards, parfois fantomatiques ou angéliques. Tout est malsain dans un univers en perpétuelle décomposition qui ne semble vivre que sur des ruines et où chaque gramme de miracle est mis à mal par ceux qui logiquement devraient le plus y croire.

Si les questions sont en apparence assez simples, du type : pourquoi les coupables ont souvent beaucoup plus que les innocents, elles se complexifient rapidement et les réponses refusent d'advenir, nous laissant avec nos interrogations, nos doutes et notre culpabilité. Chaque personnage faute, certains devant Dieu comme la théologienne qui, au final, est celle qui semble le moins avoir la foi, d'autres devant la loi tel le maton amoureux d'une détenue sans en avoir le droit, ou enfin devant les deux : la théologienne qui outrepasse ses fonctions, les criminelles prises dans un engrenage pervers et infernal qui finissent par rejeter celle qui peut les aider, une gardienne jalouse, etc.

Dans un univers où chacun désire vivre et racheter ses fautes, nul n'y parvient, confronté à ses propres peurs et à une lâcheté irrémédiable. En fin de compte la prison du film et l'ascenseur final nous renvoient à nous même, à notre propre enfermement, à nos désillusions et pendant que le film, bouleversant, fait miroir, il fait aussi de cette réalité captée par la caméra un monstre assoiffé de beauté propice à tirer chaque individu vers une mort certaine, plus près des cieux malgré tout.

Résumé

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