Critique : River queen

Suite à l'échec commercial de son précédent film Au-delà de nos rêves, l'acteur - réalisateur - producteur Vincent Ward revient sur sa terre natale, la Nouvelle Zélande, pour y raconter le destin d'une jeune femme irlandaise du 19^ème siècle cherchant son fils métis (irlandais et maori) à la fin de la colonisation du pays. Calquée sur des films tels que La prisonnière du désert de John Ford ou Les rôdeurs de la plaine de Don Siegel, l'histoire de River Queen semble rassembler tous les ingrédients d'un grand film au souffle épique.

Malgré un casting fort (Samantha Morton, Kiefer Sutherland, Temuera Morrison, Cliff Curtis, Stephen Rea), River Queen n'atteint jamais le lyrisme des œuvres précitées ; cela n'est pas l'intention du réalisateur bien que le voyage du personnage principal, Sarah, n'est pas simplement physique mais spirituel avec tout ce que la culture Maori y apporte. En cela et sur certains plans, la mise en scène de Ward se rapproche plus de celle d'un certain Terrence Malick (Le nouveau monde) où la nature devient quasiment un personnage à part entière (voix off à l'appui).

Dans ce récit opposant les Maoris aux Britanniques, le film a la qualité d'éviter l'écueil de l'antagonisme primaire. La « bêtise humaine » est montrée dans chaque camp avec toutes les exactions qu'elle comporte (tortures, meurtres de femmes et enfants etc.) et fait une parfaite opposition au choc culturel du personnage de Sarah face à son fils kidnappé et élevé avec la famille de son défunt père Maori, qui refuse de la suivre en Occident.

Si le cœur de la pauvre Sarah ne balançait pas constamment entre l'oncle veuf (Curtis) de son fils et le brave soldat écossais joué par Kiefer Sutherland, le spectateur serait moins perdu dans cette histoire soudainement alourdie. Néanmoins, River Queen est à découvrir car il offre quelques beaux moments portés par un casting convaincant.