Critique : Invisible

Qui, au cours de sa jeunesse torturée ou dorée, ne s'est jamais senti invisible aux yeux de son entourage ? C'est sur ce principe galvaudé que repose le pitch de cet Invisible qui marque le troisième passage derrière la caméra de David S.Goyer (heureux co-scénariste de Batman Begins mais piètre réalisateur de Blade Trinity).

Remake du film homonyme réalisé par le suédois Joel Bergvall, Invisible tient au final plus du numéro de funambule jonglant maladroitement entre son alléchant - bien que peu original - postulat de départ et aspirations auteurisantes d'une futilité très hollywoodienne.

De ses personnages très stéréotypés à sa vision somme toute personnelle de la lutte des classes (la méchante prolétaire et le gentil bourgeois victimes de leurs carcans sociaux), le film de Goyer fait preuve d'un goût prononcé pour le message asséné avec la finesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Truffé de carences scénaristiques majeures grossièrement remplies par une sous intrigue inintéressante au possible, et nanti d'une propension à ne jamais réellement faire avancer son histoire, Invisible ne joue vraiment pas avec les bonnes cartes.

Toutefois, aussi maladroit et poussif soit-il, le film n'est pas dépourvu de certaines qualités ô combien subjectives mais promptes à réveiller son public (l'ado incompris et mal dans sa peau !) de sa torpeur. En effet, il se dégage de l'ensemble une certaine forme de mélancolie renforcée par une BO au diapason, faisant passer plus durablement l'énorme pilule préparée par Goyer. Le propos n'en devient que plus clair et les intentions tout aussi louables.

En dépit  de ses inhérents et indécrottables défauts,cette version teen de Ghost se laisse voir comme un gentil portrait d'ados pour peu qu'on laisse de côté une intrigue à la vitesse de croisière proche d'un épisode de Derrick  et des velléités sociologiques crétines.