Critique : Roman de gare

Par Thomas Messias
28 juin 2007
MAJ : 19 septembre 2018
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Tourné en dérision par la critique, copieusement ignoré par les spectateurs, Claude Lelouch a vécu une douloureuse crise de la quarantaine (de films). À l’aube de ses soixante-dix ans, le voici qui tente un retour assez audacieux : se débarrasser de ce style si moqué et revenir à l’essence même du cinéma. Exit les plans-séquences et les contemplations béates de la vie : Roman de gare est un vrai polar, malin et prenant, qui n’a rien d’un grand film mais signe une petite révolution chez un metteur en scène dont on n’attendait plus rien.

Rarement film aura aussi bien porté son titre. Roman de gare, c’est à la fois le titre d’un livre dans le film, mais c’est également le genre de littérature filmée qui nous est offerte. Comme si Lelouch, salement échaudé, préférait prévenir qu’il ne compte pas faire du James Ellroy. Tueurs pédophiles, fausses identités, schizophrénie : employant tous les codes du roman de gare, il les mélange habilement dans une mise en abyme assez futée. La première heure du film intrigue au plus haut point : malgré quelques digressions et longueurs typiquement lelouchiennes, on s’accroche à des personnages bien sentis et excellemment interprétés.

Et puis l’élève Lelouch finit par s’emmêler les pinceaux. La fin de Roman de gare est ratée mais touchante, tant elle ressemble à l’œuvre d’un jeune auteur qui aurait voulu tout mettre dans son premier film. Mais tant pis si le film ne tient pas la distance : pour son 41ème film, Lelouch montre qu’il n’est pas mort et qu’il a encore plein de belles histoires simples à nous raconter.

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