Critique : Murder Ball

Lucile Bellan | 13 juin 2007
Lucile Bellan | 13 juin 2007

 À l'image de son affiche violente d'énergie, suintant la virilité, Murderball dépasse les règles du documentaire et donne à ses images des accents de fiction. Ou comment la vie ressemble à un film. La maîtrise parfaite des codes du film de et sur le sport (le fameux film de coach à l'américaine), de la réalisation à la musique en passant par le « casting », semble être la qualité paradoxale du documentaire.

 

Et loin des discours utopiques de tolérance, de courage ou de foi (sic), le portrait est ici celui d'hommes qui au détour de leurs vies, d'une manière ou d'une autre (et de multiples raisons sont évoquées : de l'accident de voiture à la polio) souffrent aujourd'hui du même handicap. Des questions se posent, concrètes, sur le sexe principalement, mais aussi sur toutes les manières de se sentir un homme. Et pour tous, la réponse se trouve dans le sport. Les impressionnants fauteuils des joueurs témoignent d'ailleurs de la violence inouïe du quad rugby, comme s'il s'agissait de contredire, de défier le regard protecteur ou compatissant que leur portent les autres.

La confrontation entre les deux équipes, canadienne et américaine, auxquelles on s'attache au travers respectivement du coach (Joe Soares) et du capitaine (Mark Zupan), est à la fois vue comme un moment de tension ultime et un instant dérisoire, une crise d'ego sans importance. Ce sport n'est pas consenti avec fatalité par ses joueurs, mais relève d'un vrai achèvement en soi. Un soufflet aux idées reçues de part en part. A l'image de cet épisode emprunt de fraîcheur où un petit garçon demande à l'un des joueurs le plus sérieusement du monde : « mais comment tu fais pour manger ta pizza avec les coudes ? ». Aucun blanc ne répond à cette question, juste une réponse claire et même une démonstration. On aimerait que tout soit aussi simple.

 

Un dernier mot sur le film et ses conséquences (bénéfiques bien sûr), car en dehors d'une nomination méritée à l'Oscar du meilleur documentaire en 2005, son traitement du handicap, ce handicap en particulier et même le quad rugby se retrouvent avec autant de talent dans l'excellentissime série de Peter Berg, Friday Night Lights. Sous la forme d'une pure fiction cette fois-ci.

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