Critique : Une vieille maitresse

Sandy Gillet | 30 mai 2007
Sandy Gillet | 30 mai 2007

Le dernier Breillat est reparti bredouille du 60ème festival de Cannes et autant dire que cela n'est pas immérité. Pourtant il n'est nullement question ici d'affirmer des choses définitives du genre « Breillat rate son adaptation du roman éponyme de Jules Barbey d'Aurevilly » ou encore « Breillat abandonne le trivial et l'inepte vu dans Anatomie de l'enfer pour une - romance - empesée et trop ancrée dans ses origines littéraires ». La tentation est grande mais au final bien trop facile.

Une vieille maîtresse est en fait une appropriation. Celle d'un texte du 18ème siècle qui est la quintessence du roman dans sa définition première (où il n'est question que de passion et de romantisme par essence pure et sombre) par une artiste du 21ème dont l'obsession de la chair et de ses conséquences sur l'esprit n'est plus à démontrer. Le problème c'est que si on ne peut enlever à Breillat son admiration évidente pour ce pan de la littérature moderne (reconstitution épurée, dialogues assumés et lourds de sens, caméra à l'unisson...), elle le spolie à l'écran par une direction d'acteurs beaucoup trop libre qui finit par dater une histoire qui n'avait pas besoin de cela pour se savoir uniquement au programme du bac littéraire (à l'instar d'un Choderlos de Laclos par exemple). Asia Argento en tête qui de « vieille maîtresse » devient ici une ex-pute esclave droguée et fille de torero au jeu hystérique et à aucun moment convaincant (on passera sur l'anachronisme des seins siliconés et des multiples tatouages).

Émerge tout de même la beauté diaphane de Roxane Mesquida (vu dans Sheitan mais surtout dans À ma sœur, dernier Breillat en date qui vaille la peine d'être vu) qui, en icône de la féminité pure mais trompée, irradie la pellicule et touche véritablement. Car c'est là enfin l'écueil essentiel que la réalisatrice n'a pas su éviter : à savoir son manque évident à vouloir impliquer le spectateur, qui finit donc naturellement par se désolidariser d'un film finalement sans intérêt et même assez limite pour une utilisation scolaire...

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