Critique : Voisin contre voisin

Avant tout une interrogation : mais que vient faire sur nos écrans une comédie de Noël en plein mois de mai ? À y regarder de plus près, pas grand-chose, car étant d'une faiblesse spectaculaire dans les deux catégories, il risque fort de faire un passage éclair dans les salles.

En effet, rarement un scénario n'aura été si classique dans sa crétinerie (l'inverse est valable aussi), malgré un pitch qui tient plus de la mauvaise blague : un homme sans but dans la vie veut que sa maison soit visible sur Google Earth. Et s'il n'y a pas de sot métier ou de passion inavouable, il y a quand même des objectifs franchement plus cons que les autres. M'enfin, on ne peut pas non plus en demander trop au réalisateur de Big Mama 2.

Ainsi, loin des considérations écologiques, de développement durable ou de sauvegarde de l'énergie, le film est construit autour du délire de quelques olibrius d'illuminer entièrement une maison à la manière d'un écran géant, type concert de rock disproportionné. Et bien qu'il soit possible d'imaginer le plaisir de ces grands gamins face à leur « œuvre », dommage que ce soit toujours d'aussi mauvais goût. Surtout que toute cette débauche de moyens se révèle aussi indécente que vaine. Si ce triste et déprimant constat est une évidence pour le spectateur, il faut le temps aux acteurs pour s'en rendre compte. Et encore, rien n'est moins sûr tant ils cabotinent et cachetonnent sans vergogne. Rien ne peut rattraper la « performance » minable des has been Danny DeVito et Matthew Broderick ou le rôle de potiche de l'habituel sexy (and the city) Kristin Davis.

Cette heure et demi à jamais perdue soulève tout de même la question de cette volonté, très américaine, de toujours vouloir faire plus que ses voisins, ses amis, sa famille et à n'importe quel prix, afin de préserver les apparences au détriment de vraies valeurs. Mais avait-on besoin de Voisin contre voisin pour éclairer notre lanterne ? Bien sûr que non.