Critique : La Chair

Nicolas Thys | 11 mai 2007
Nicolas Thys | 11 mai 2007

Réalisé en 1991, La Chair est l'un des derniers films de Marco Ferreri, certainement un film testament et peut-être l'un de ses plus difficiles d'accès. Le cinéaste italien y fait une magnifique synthèse de son œuvre, reprenant un grand thème qui le hante depuis ses débuts : la religion et le déclinant sans cesse à travers le sexe et la nourriture.

 

Un pseudo-artiste divorcé, deux enfants, s'éprend follement d'une femme au corps voluptueux digne des égéries de Russ Meyer : une hippie attardée qu'il perçoit comme une déesse. Mais malgré certaines ressemblances avec La Grande Bouffe, les protagonistes ne faisant que manger et s'accoupler, La Chair s'en éloigne en s'écartant de toute valeur de groupe pour ne se concentrer que sur deux individus solitaires et coupés du monde.

 

L'essentiel du film se déroule dans une maison au bord de la plage autour de laquelle vient se greffer toute une imagerie du divin et un rapport ambigu aux croyances voguant entre mythes grecs, catholicisme, athéisme ou paganisme vampirique et anthropophage. La Chair est une œuvre physique autant que métaphysique aux paysages extérieurs épurés où ne subsistent que l'affrontement des couleurs et des lumières. La chair par opposition évoque le corps humain et le sexe autant que le passage, la voie, qui va permettre aux personnages de s'évader vers le plaisir et le paradis jusqu'à les rendre fous.

 

Violent et passionnant le film de Ferreri est également ultra pessimiste, évacuant toute communication entre les individus au profit d'un sentiment de marginalisation extrême. Même l'humour, pourtant présent, semble s'échapper et laisser place à une mélancolie et une horreur sans cesse croissante.

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