Seven : critique

Thomas Messias | 6 mai 2007 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Thomas Messias | 6 mai 2007 - MAJ : 09/03/2021 15:58

"Le coup le plus rusé du diable a été de faire croire qu'il n'existait pas ; et après, il s'envole." Cette citation ne provient pas de Seven, mais de Usual suspects ; prononcée par Kevin Spacey dans le film de Bryan Singer, elle aurait tout autant sa place dans le thriller de David Fincher. Un film diabolique et éreintant, qui met la tête à l'envers et se colle à vous comme le pire des parasites sanguins. Surprenante et fichtrement futée, la conclusion de Seven vaut bien plus qu'un simple twist final : elle met à mal l'éthique et la raison et vient vous hanter pour longtemps.

 

photo, Brad Pitt, Morgan Freeman

Tout commence comme un thriller classique : un tueur fourbe et méthodique semble vouloir faire une victime par péché capital. Pour le démasquer et l'arrêter, un duo hétéroclite, digne de nos plus vieux buddy movies : un vieux briscard et un jeune loup, un noir et un blanc, un patient et un fougueux. Pourtant, les caractéristiques de ces deux inspecteurs (Morgan Freeman et Brad Pitt, excellents) ont une importance folle. C'est là que Seven commence sa lente séduction : rien ne semble laissé au hasard, tout se tient, mais le puzzle est constellé de trous et de bosses.

Seven a eu la bonne idée de débarquer au beau milieu des années 90, à une époque où le thriller n'était que l'ombre de lui-même. Faisant table rase du passé, ne prenant appui sur aucun grand nom du genre, le scénario d'Andrew Kevin Walker dépoussière les clichés du genre et, sans être novateur, ouvre la porte à une nouvelle génération de thrillers (on attend toujours, les cinéastes s'inspirant de Seven étant toujours tombés dans le plagiat ou le n'importe quoi). Mais c'est la mise en scène de David Fincher qui transcende cet beau travail d'écriture : étonnamment mûr pour un trentenaire, il met à profit son inventivité visuelle, multipliant les textures et les cadrages sans que cela ne prenne jamais le pas sur le propos.

 

photo, Brad Pitt

 

Arrive alors la dernière partie du film : après un tétanisant transfert en voiture en forme de combat verbal, Fincher nous débarque en plein désert. C'est là que tout se joue : et cette fin si réussie, sans laquelle le film n'aurait pas eu cette force, nous mène tout droit en enfer. Grâce soit rendue à Kevin Spacey, dont le nom était volontairement absent du générique du film, et qui donne à John Doe (et donc à Seven) une dimension dantesque absolument ébouriffante.

 

Affiche officielle

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commentaires
annatar
07/03/2015 à 18:54

Il y eut le silence des agneaux dont on pouvait légitimement penser qu'il serait la référence ultime pour ce qui est des films dits de "sérial killers" quand vînt seven , quatre petites années plus tard. Ce fût un choc absolu. Visuellement , on commençait alors à faire connaissance avec le style si particulier d'un jeune réalisateur du nom de david fincher , que la fox, lors de alien 3, avait alors prit pour un vulgaire "yes man". Sur un scénario d'une habileté digne d'un usual suspect , fincher faisait une entrée fracassante dans la cour des grands, et de seven, la nouvelle référence en matière de thriller.

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