Critique : La Femme des sables

Jean-Noël Nicolau | 6 avril 2007
Jean-Noël Nicolau | 6 avril 2007

Chef-d'œuvre du cinéma expérimental japonais des années 1960, la Femme des sables est une expérience cinématographique rare. Entre allégorie et réalisme cru, le film décrit une situation kafkaïenne où un homme se retrouve prisonnier aux côtés d'une inconnue, au cœur d'une véritable « mine de sable ». De l'absurdité de la situation, Teshigahara fait naître une ambiance oppressante de claustrophobie à ciel ouvert. Les images des murs de sables s'effondrant lentement ou par blocs entiers sont sublimes, la terreur qu'elles inspirent étant soutenue par une musique atonale effrayante.

 

 

 

Le duo d'acteurs est filmé avec autant de cruauté que de sensualité, même si la réputation érotique de l'œuvre pourra paraître un peu surfaite. L'essentiel se situe dans le cheminement psychologique du héros, réduit au même état que les insectes qu'il se plaît à capturer. La métaphore s'avère bien plus complexe et il ne faut pas vraiment s'attarder sur un parallèle entre le couple et cet ensablement quotidien. Si la Femme des sables peut tourmenter l'esprit, c'est avant tout une œuvre sensorielle qui fascine par la puissance de ses plans et l'âpreté de son atmosphère. Peu à peu, le film se dévoile telle une partition de musique contemporaine, avec sa répétitivité, ses ruptures violentes, ses silences et la liberté donnée au spectateur pour construire son propre sens. Il s'agit d'un cauchemar cinématographique exigeant mais indispensable.

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