Critique : Je suis un cyborg

Lucile Bellan | 6 avril 2007
Lucile Bellan | 6 avril 2007

  C’est un euphémisme de dire que Park Chan-wook était attendu au tournant après sa trilogie sur la vengeance. Découvert pour beaucoup avec Sympathy for Mr Vengeance (2002), consacré par tous avec Old boy (2003), il avait confirmé pour certains et déçu pour d’autres avec Lady Vengeance (2005). Il risque maintenant de quelque peu déconcerter avec Je suis un cyborg (préférez lui le titre vraiment original I am a cyborg, but that’s OK) et son joli virage à 180°. Mais si le metteur en scène coréen délaisse une forme virtuose et radicale au profit d’un univers décalé, coloré mais toujours assumé, ce n’est pas non plus pour arrêter de sonder l’âme humaine et la société contemporaine. Et quoi de mieux pour aborder notre réalité que de jeter un œil à ses « résidus ».

 

  Ainsi, dans son drôle d’hôpital psychiatrique, se croisent le voleur masqué Il-soon qui s’en prend autant aux objets qu’aux esprits, une Heidi de quarante ans et son inséparable miroir de vérité ou bien notre mignonne cyborg Young-goon qui se nourrit de piles et raconte sa vie à la machine à café. Derrière ces clowns, tour à tour hilarants et tristes, se cachent en fait de vrais maladies ou traumatismes. Le premier est encore traumatisé par l’abandon de sa mère, la seconde incapable de supporter de ne pas être entrée dans la chorale de l’edelweiss et la dernière avait une grand-mère souffrant d’Alzheimer et se prenant pour une souris. Si le trait est grossi, tous restent des caricatures justes et touchantes de ce qu’il n’est pas rare de croiser dans la rue, voire même chez soi. En véritable décrypteur des modes (de vie, de rêve), Park Chan-wook fait se rencontrer dans cette microsociété Young-goon et Il-soon et leurs psychoses respectives, qui s’apprivoiseront, se confondront au sein d’une très poétique et imagée histoire d’amour.

À cette thématique universelle répond un foisonnement d’idées, le plus souvent jouissives, mais qui parfois peuvent se retourner contre le film, comme lorsque certains personnages secondaires intéressants se résument finalement à une simple blague. « But that’s OK », Je suis un cyborg est un de ces instants de grâce enfantine, qui laisse un goût sucré dans la bouche.

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