Signes : critique déshydratée
Comme dans Incassable, M. Night Shyamalan part d'une situation improbable qui engendre du mystère et en tire la substantifique moelle pour appâter le spectateur. Ce qui apparaît dans la première partie de Signes, c'est que Shyamalan construit ses scénarii de manière de plus en plus mécanique. La montée en puissance est bien amenée mais prévisible : le réalisateur étonne, puis fait peur, puis fait réfléchir avant de recommencer à l'envie son cycle pervers. C'est efficace, mais au bout d'un moment, on tape des pieds.
FAIS-MOI SIGNE
Il y a deux parties assez distinctes dans Signes. La première, purement shyamalanesque, est une énigme apparemment insoluble (mais qui a bien pu dessiner ces crop circles dans le champ du fermier?) à laquelle une réponse peu renversante est donnée en milieu de film. C'est là que débutent les vrais soucis : cette fois, M. Night Shyamalan a davantage de messages à faire passer que d'histoires à raconter. La deuxième heure nous mène alors vers une sorte de twist final assez téléphoné parce qu'uniquement destiné à faire la leçon au spectateur.
Le message christique du film n'est pas très loin de l'endoctrinement, et en poussant le bouchon un peu loin, ça ferait presque penser à du Ron Hubbard. Une première raison de pouffer, la deuxième étant due à des effets spéciaux particulièrement ratés, qui ôtent toute crédibilité à l'ensemble.
Ce gâchis total est bien regrettable car Signes compte son lot de scènes fortes, toujours transcendées par une mise en scène agile et futée. L'intimité de certaines scènes (il y a très peu de personnages mais ils sont très soudés) renferme une émotion sincère. Joaquin Phoenix campe un formidable benêt, tour à tour drôle et poignant. Et, comme d'habitude, le récit réserve des scènes à suspense vraiment prenantes, parfaitement mises en valeur par l'excellente musique de James Newton Howard, qui s'est visiblement inspiré de Bernard Herrmann. Et par moments, la mise en scène de M. Night Shyamalan ferait presque oublier le contenu du film. Par moments seulement.
Lecteurs
(3.2)