Critique : La Rançon de la peur

Flavien Bellevue | 13 juillet 2006
Flavien Bellevue | 13 juillet 2006

L'éditeur vidéo Néo Publishing, via sa nouvelle collection « l'Italie à main armée », fait revivre, pour le plus grand plaisir des amateurs du genre, une période faste du cinéma italien, les « poliziotteschi » (polar italien). Ancré dans la réalité sociale et violente de l'Italie des années 70 surnommées « les années de plomb », les films policiers italiens vont redéfinir les codes du genre pour mieux se l'approprier, à l'instar d'un autre genre, toujours en vogue à la même époque, le western spaghetti. La Rançon de la peur d'Umberto Lenzi fait donc partie des films phares de cette période par son pessimisme et son extrême violence.


Porté par deux acteurs de renom, à l'époque, Henry Silva et Tomas Milian, le film d'Umberto Lenzi nous emmène dans la spirale infernale du quotidien du psychopathe Giulio Sacchi. Marginal, drogué et névrosé, Sacchi ne supporte plus cette société italienne qui ne lui laisse que des miettes pour survivre. Il pète donc littéralement les plombs en pensant kidnapper la fille d'un riche PDG et la tuer ensuite. Campé par l'acteur caméléon, issu du western italien, Tomas Milian (et qui jouera dans de nombreux polars italiens notamment sous la direction de Lenzi), Sacchi est une ordure comme rarement le cinéma nous a donné l'occasion d'en voir. Menant avec lui un jeune truand impressionnable et un acolyte de longue date, Giulio Sacchi tire sur tout ce qui pourrait l'empêcher d'atteindre son but ultime et tue (viole parfois) hommes, femmes, vieillards, et même enfant, peu importe qu'ils lui soient proches ou inconnus. Derrière son sillon écarlate, se trouve l'inspecteur Walter Grandi incarné par un Henry Silva dégoûté de ramasser simplement les cadavres et de voir la justice le ralentir dans son enquête et donc de le rendre impuissant.


Signé par un grand scénariste du cinéma italien, à l'écriture multi-genres (il a officié aussi bien dans le péplum, le western, le polar et l'horreur), Ernesto Gastaldi, l'histoire de La Rançon de la peur est une suite indirecte de La Rue de la violence de Sergio Martino dont la ville de Milan était aussi le théâtre des méfaits de truands. Ces deux films ont d'ailleurs le point commun de partager le même scénariste mais aussi les même problèmes : les conflits entre la police et la violence urbaine et entre la police et la justice. Cette impuissance que vit l'inspecteur Grandi va le pousser à transgresser les règles de son institution pour arriver à ses fins ; un code du genre que l'on retrouvera, d'ailleurs, dans de nombreux polars de cette époque. Mais l'attrait particulier de ce film est l'extrême violence qui y règne ; l'horreur humaine atteint, ici, un tel sommet que le film eu un statut de film d'horreur dans de nombreux pays. Preuve de cette horreur, les pays anglo-saxons avaient titré le film Almost Human, (Presque humain) d'après le caractère ambigu du personnage incarné par Milian. Il va, sans dire, que le film a eu quelques coupes lors de sa sortie en salles.


Offrant à Tomas Milian l'un des rôles marquants de sa carrière, La Rançon de la peur est un polar noir d'action (avec quelques séquences de courses poursuites mémorables) témoin d'une période violente politique et sociale trouble de l'Italie. Considéré aujourd'hui comme un classique du genre, La Rançon de la peur d'Umberto Lenzi saura vous prendre aux tripes comme peu de films ont eu l'occasion de le faire.

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