Six Feet Under : Critique d'une grande série

Sandy Gillet | 26 février 2005
Sandy Gillet | 26 février 2005

Une série qui côtoie au quotidien ou presque la mort avec un grand « F » (pour Faucheuse), voilà un concept qui ne pouvait que surprendre et très rapidement convaincre. Mais quand ce « F » rime aussi avec Fisher, du nom de l'entreprise familiale funéraire ou chacun de ses membres tente de se reconstruire après la mort accidentelle du patriarche dans son corbillard tout neuf (qui hante chaque épisode de sa présence visuelle), là on se dit que l'on touche à quelque chose d'autre qui oscille, au grès de la première saison, entre grâce et réussite exceptionnelle.

Voici donc une famille dont l'occupation quotidienne est d'accompagner les défunts / clients vers leur dernière demeure avec pour point de départ récurrent une savoureuse mise en bouche mettant en scène les circonstances du décès. Loin d'être un gimmick visuel ou scénaristique (encore que !), les macchabées ainsi présentés influent pour beaucoup dans l'évolution des personnages : un jeune homosexuel qui se fait tabasser à mort renvoie à la propre homosexualité non assumé de l'un des deux frères, une femme s'étouffe toute seule dans son appartement rappelle à la mère sa propre solitude depuis la mort de son mari…

 

 

La différence entre la première et la seconde saison se situe moins au niveau de sa tonalité d'ensemble (anticonformisme intelligent doublé d'un humour noir décapant, photographie sublime, musique de Thomas Newman, casting parfait…) que de son enrichissement interne qui passe essentiellement par une analyse plus pointue de chaque membre de la famille devenant de fait des personnalités à la fois plus précises et plus complexes. Les scénaristes n'en oublient pas pour autant les personnages satellites comme par exemple Federico, l'employé embaumeur, qui acquiert un poids de plus en plus important dans le récit ou bien entendu Brenda, la fiancée de Nate Fisher, qui n'en finit plus d'explorer les moindres contradictions de son moi sans omettre les nouvelles têtes (nouveau petit ami de Claire, la petite sœur, le rabbin au féminin qui ne laisse pas indifférent Nate…) qui sont autant de points d'ancrage permettant à la série de ne pas tomber dans une récurrence claustrophobe fatale.

 

 

Tout cela donne une série profondément mature, à mille lieux de ce que l'on peut voir actuellement au sein de la production hollywoodienne, et incroyablement humaine. Elle qui, épisode après épisode, nous renvoie à nos propres contradictions et déficiences tel un miroir de la vie ordinaire et donc bouleversant.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire