Critique : The Mother

Quel point commun y a-t-il entre Coup de foudre à Notting Hill, Dérapages incontrôlés et The Mother, soit une comédie romantique, un thriller psychologique et un drame familial ? A priori aucun, et pourtant, derrière ces trois films se cache le même metteur en scène : Roger Michell. Il faut croire que le réalisateur britannique aime à changer de genre à chaque nouveau film, avec toutefois le même souci de l'humain en pleine remise en question : vie sociale, sentimentale et professionnelle, passée (The Mother), présente (Coup de foudre) ou à venir (Dérapages).

Avec The Mother, Michell s'intéresse donc à présent à « la seconde jeunesse ». Peut-on (re)vivre pleinement, bien que tardivement, sa vie ? Selon le réalisateur et le scénariste (Hanif Kureishi), la réponse est oui. Et plutôt que de sombrer dans la morosité et le train-train quotidien d'une majorité de personnes du troisième âge, cette grand-mère-là va reprendre en main sa vie précédemment en demi-teinte. Si le familial de The Mother, entre rapprochements et engueulades, réussites et désillusions, est plutôt réussi et rappellera dans une certaine mesure le In America de Jim Sheridan, le côté « seconde jeunesse » est en revanche plus discutable. Cette mamie qui se lâche tout d'un coup, qui nous (re)fait sa révolution sexuelle après l'heure a quelque chose d'assez choquant dans la façon dont le réalisateur a décidé de nous la présenter, tant visuellement que linguistiquement. Même si l'effet comique est réussi, il n'en demeure pas moins gênant et déplacé. Un peu plus de non-vus et de non-dits aurait sans aucun doute pu aboutir à la même chose. Résultat : toute la subtilité de l'approche initiale s'effondre comme un jeu de cartes lorsque déboule le brutal et le direct de la seconde partie du film. Pour cette raison, The Mother risque bien de ne pas plaire à tout le monde, ni même d'accrocher le public visé.