Critique : Ong-bak

Stéphane Argentin | 21 septembre 2004
Stéphane Argentin | 21 septembre 2004

« L'Asie nous envoie son nouveau dragon »
… proclame l'affiche française de ce petit bijou d'action en provenance de Thaïlande. Et contrairement à ce que certains ont pu croire, Ong-Bak n'est pas une révolution du genre mais « uniquement » un retour aux sources du cinéma d'action pur jus. Un cinéma à l'état brut, et la preuve supplémentaire que seul le continent asiatique dispose encore de « couilles » suffisantes pour produire pareille prouesse.

Soyons honnêtes, la première demi-heure de présentation des enjeux et des personnages ne laisse en rien présager ce qui va suivre. Encore que, à y regarder de plus près, on y décèle quelques éléments propres à la Thaïlande, avec la peinture d'un pays tiraillé entre d'un côté ruralité croyante préservant les valeurs familiales strictes, et de l'autre urbanité grouillante où jeux, argent, drogue et prostitution sont le lot quotidien.

Passé donc cette exposition plutôt pépère, arrive le premier coup de latte, laissant un premier adversaire sur le carreau et, pour le coup, le spectateur aussi. Car, plutôt que de nous montrer l'action de loin, en contre-champ avec deux cascadeurs vaguement grimés à l'effigie des acteurs et faisant mine de recevoir un pain à plus de 50cm du visage, celle-ci nous est présentée en continuité, latéralement, avec un coup que l'on jurerait pleinement porté. Et ce n'est qu'un début puisque, dès lors, tout s'enchaîne à une vitesse folle pour ne plus jamais s'arrêter : les coups de pompes, de genoux, de poings, de coudes, low kick, middle kick et high kick vont, à partir de ce moment, pleuvoir à tout va. Exit les câblages, matelas, rembourrages, coupes au montage… le mot d'ordre ici est « authenticité », à tel point que l'on finirait presque par en avoir mal pour les acteurs devant pareille déferlante. Ce n'est pas pour rien si les amateurs du genre, restés de marbre devant les réappropriations occidentales inodores et incolores des dernières années, auront eu la réjouissante sensation de renouer avec les chorégraphies martiales d'un Bruce Lee ou bien les acrobaties casse-gueule d'un Jackie Chan, puisque c'est précisément là le but d'Ong-Bak : un retour à l'essence même du cinéma d'action.

… mais un dragon « europisé » !
Seul petit hic dans l'histoire pour les puristes : le léger remaniement du film pour son exploitation française. Rassurez-vous, le film n'a nullement été charcuté en salle de montage comme ce fut le cas pour Shaolin Soccer ou bien Musa. L'intégralité des scènes est bel et bien présente. Non, le remaniement est beaucoup plus subtil et concerne les musiques du film. Certains combats ou certaines poursuites (notamment celle en tuk-tuk) ont comme un petit air de Yamakasi ou de Taxi, non ? Normal, puisque ce sont là précisément les remplacements opérés en lieu et place des traditionnelles musiques thaïlandaises présentes à l'origine dans le film, et que les spectateurs du marché du film de Cannes 2003 ou bien les possesseurs du DVD thaï ont pu entendre. Bien qu'un tantinet décalé pour le coup, cette « europisation » n'altère fort heureusement en rien le potentiel visuel du film. Ong-Bak, c'est avant tout une véritable F1 du cinéma d'action, un vrai bolide enclenchant la vitesse supérieure à chaque nouvelle scène et assumant pleinement son statut de force brute jusque dans l'excès, à l'image de ce combat final testostéronisé au-delà du raisonnable. Ong-Bak est un spectacle à déguster pur malt, en souriant doucement par avance des futures et insipides réappropriations occidentales qui ne manqueront pas de suivre…

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