Critique : Je pense à vous

Julien Dury | 28 novembre 2006
Julien Dury | 28 novembre 2006

Je pense à vous marque une étape de plus de la lente invasion des écrans par les psychiatres. Reconnaissons que le médecin interprété par Hippolyte Girardot n'est pas bien dangereux puisqu'il est assez bête pour épouser sa patiente hystérique. C'est là toute l'ironie d'un film où le mot « antisémite » perd son sens à force de répétition et où le seul personnage portant une kippa descend d'un collaborateur fusillé à la Libération. Une distanciation bien agréable en ces temps de politiquement correct, et qui permet au film d'échapper au piège de l'archéodrame psychologique socialisant à la Tourneuse de pages.

Ce retour permanent à la comédie est hélas aussi un défaut. Le film peine parfois à prolonger l'étrangeté de certaines scènes comme la marche dans les bois de Marina de Van, pour retomber dans une prosaïque dispute entre mari et femme muette.

À ce titre, il est dommage que le personnage d'écrivain de Charles Berling soit un peu sous-exploité. Amateur de jeunes ukrainiennes et de délation littéraire, il est la synthèse parfaite entre l'immonde et le désopilant que Pascal Bonitzer peine parfois à conjuguer ensemble. Le cinéaste montre pourtant à plusieurs reprises qu'il sait parfaitement filmer l'inquiétude première des cimetières. Et même si le mélange des genres est la limitation de Je pense à vous, il en est aussi l'originalité première et en fait une œuvre foncièrement sympathique.

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